Réunis au congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), les encadrants de médecine générale se sont montrés volontaristes au sujet de la mise en place de la réforme du 2e cycle des études médicales.
Moins de bachotage, meilleure prise en compte du parcours de l’étudiant, fin du classement unique pour accéder à l’internat… : la réforme annoncée il y a trois ans s’applique progressivement depuis cette rentrée universitaire. « Nous vivons une période extrêmement importante, cette réforme est une vraie plus-value pour les externes », a résumé le Pr Christian Ghasarossian, membre du collège académique du CNGE, lors d’une table ronde.
Nouvelle méthodologie
Depuis la rentrée pourtant, les futures modalités d’accès à l’internat restent floues – des décrets d’application manquant à l’appel. Cette réforme signe la fin du classement « unique » des quelque 9 000 futurs internes pour le remplacer par un système de « matching » (appariement) dès 2024. En pratique, il était prévu jusque-là d’établir 44 classements séparés – un pour chaque spécialité de l’internat – en fonction des notes pondérées obtenues aux différentes épreuves. Par exemple, une question de cardiologie aura un coefficient plus fort si l'étudiant postule en cardio.
Sauf que, dans les faits, ces 44 classements sont apparus très difficiles à réaliser… Une nouvelle méthodologie simplifiée a vu le jour il y a quelques semaines, dévoilée en avant-première lors du congrès du CNGE. « Treize grands groupes de spécialités ont été décidés », détaille le Pr Luc Mouthon, président du Collège des enseignants de médecine interne (CEMI), tableau à l’appui. À l’issue des examens, l’externe devrait recevoir 13 classements – regroupant plusieurs spécialités – et fera son choix en fonction. Si la médecine générale constitue un groupe à part entière, certaines spécialités prisées des futurs internes sont colligées ensemble. C’est le cas par exemple de l’ophtalmologie et de la chirurgie plastique, qui intègrent l'entité « chirurgie 1 ». Autre exemple : l'ensemble « médecine d’investigation », qui regroupe la radiologie, la médecine nucléaire et l’anapath…

Items et stratégie
Au fil des examens, l'externe accumulera des « items » – connaissances théoriques spécifiques à chaque spécialité. C’est en fonction des notes obtenues dans ces champs que seront établis les classements. S’il veut devenir généraliste, le futur interne révisera les 71 chapitres de médecine générale. « S’il hésite entre médecine générale et pédiatrie, cela fait 128 items à réviser, soit un tiers du programme, détaille le Pr Luc Mouthon. Nous avons veillé à ce que cette réforme soit bienveillante et que le nombre total d’items à réviser ne soit pas trop important. »
Reste que les modalités de classement sont encore floues. « On ne sait pas, par exemple, si un étudiant classé dans un groupe aura un droit au remords », admet le Pr Mouthon. Le nombre postes accessibles dans chaque spécialité reste, lui, toujours soumis aux quotas de démographie médicale…
Lassitude et « rage » des étudiants
Au lendemain de cette table ronde, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a adressé ce vendredi une lettre ouverte au vitriol aux ministres de la Santé et l’Enseignement supérieur, fustigeant le « manque cruel d’anticipation » dans la mise en place de cette réforme du deuxième cycle et de l'accès à l'internat, pourtant concoctée depuis trois ans.
Face à une promesse de « révolution pédagogique » – la nouvelle mouture mettant l’accent sur les compétences cliniques et relationnelles de l’externe plutôt que sur l’accumulation de connaissances – l’Anemf dénonce « un mépris affiché des attentes des étudiants ». « Incompréhension, lassitude, angoisse et rage, ce sont les sentiments que le retard de vos cabinets et leurs revirements incessants ont renforcé chez les étudiants et dont vous devez assumer les conséquences », interpelle l’association.
Les « égos » des collèges de spés
La liste des griefs carabins est longue : aucune information sur le calendrier des épreuves, nouveaux supports de révision toujours pas publiés, « pour ménager les égos de certains collèges de spécialités » ou encore manque de transparence sur les classements à l’issue des futures épreuves dématérialisées nationales (EDN). « Vous refusez de fournir les classements à l’issue des EDN ? s'agace l’Anemf. Au-delà de nous empêcher d’orienter notre choix de stage en cohérence avec notre profil de réussite, vous assumez de transformer la DFASM3 en un véritable enfer pour nous, étudiants, incapables de nous projeter dans notre spécialité de cœur. »
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre