Près de 56 000 inscrits en première année

Le retour en verve des études médicales

Publié le 05/12/2012
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LES ÉTUDES médicales ont la santé ! Quelque 55 778 étudiants se sont inscrits en première commune aux études de santé (PACES), selon les statistiques de l’Administration universitaire francophone et européenne en médecine et odontologie (AUFEMO). Ils sont donc 4,2 % de plus à avoir pris place sur les bancs des facultés de cette première année qui regroupe la médecine, l’odontologie, la maïeutique et la pharmacie. Depuis la création de cette PACES, la filière semblait avoir perdu de son attrait. En 2009-2010, les étudiants de l’ex-PCEM1 et de première année de pharmacie étaient 58 870. Ce nombre avait fortement diminué pour descendre aux environs des 54 000 inscrits ces deux dernières années.

Pas de chômage.

« Les études de santé restent très attractives, commente le Pr Dominique Perrotin, président de la Conférence des doyens. Les étudiants savent qu’après avoir franchi le concours de première année, ils sont sûrs de ne pas être confrontés au chômage et d’être bien payés. »

Depuis deux ans, de nombreux bacheliers préféraient attendre et faire une année préparatoire. « Les étudiants redoutaient la mise en place de la réforme mais là, l’engouement reprend », explique Pierre Catoire, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).

Les résultats montrent d’importantes disparités entre les UFR. Certaines connaissent une forte progression de leurs effectifs comme Brest (+20,2 %), Rouen (+15,6 %) ou Reims (+14,8 %).

« Plusieurs facultés sont en sureffectif relatif, estime le Pr Perrotin. Ces dix dernières années, le numerus clausus a été fortement augmenté mais pas le nombre d’enseignants ». Les méthodes d’apprentissage ont été adaptées. « Les enseignements dirigés sont en train de disparaître, on en revient aux cours en amphithéâtre, nous devons nous adapter. » A Brest, où la hausse a été la plus forte en pourcentage, les conditions d’enseignement sont restées correctes, assure Jérémie Quideau, de la corporation étudiante locale. « Les cours de première année sont dispensés à la fac de droit et retransmis simultanément sur écran dans trois amphis ». Mais l’augmentation des effectifs est parfois artificielle. « L’an dernier, sur 775 inscrits aux examens de janvier, 660 ont passé les épreuves de mai et ils n’étaient finalement que 550 à postuler en médecine pour 171 places », souligne l’étudiant.

L’amertume des pharmaciens.

Une seule faculté a enregistré une baisse significative de sa promotion de première année : Paris V (-9,9 %). « J’essaie de faire passer le message aux lycéens que la première année est difficile et qu’il faut une mention Très Bien ou Bien au Bac pour réussir », explique le Pr Patrick Berche, doyen de Paris V.

Comme de nombreux doyens, le Pr Berche est favorable à une présélection des candidats à l’entrée en médecine. « A la Harvard medical school, ils sont 1 300 étudiants en médecine tandis qu’à Paris V, ils sont 13 000 toutes promotions confondues, poursuit le doyen parisien. La hausse des effectifs entraîne une dégradation de l’enseignement clinique. »

Doyens et étudiants s’accordent à dire que la PACES a échoué à limiter le gâchis humain, les réorientations vers d’autres filières étant insuffisantes. « La PACES n’a rien réglé, analyse le Pr Perrotin. Elle n’a pas solutionné les problèmes des grands nombres avec la moitié des étudiants qui n’ont rien à y faire. »

Récemment intégrés à la première année commune, les pharmaciens sont amers. Réticente à intégrer la L1 Santé, la discipline souhaiterait aujourd’hui en sortir. « Le taux de redoublement des promotions de 2e année de licence est de 20 %, c’est trois à quatre fois plus qu’avant, explique Reda Amrani-Joutey, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). La première année commune ne permet pas d’avoir un bon cursus en pharmacie avec un programme orienté vers la médecine. » L’ANEPF demande le retour à une filière spécifique à la pharmacie en première année.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9201