Le silence est celui d’un cabinet de consultation. La lumière, celle d’un théâtre. Sur scène, carabins et acteurs professionnels issus du conservatoire de Montpellier se succède pour une scène d’improvisation autour de l’annonce d’une maladie. Dans un rôle de composition, les étudiants de 4e année de la faculté de médecine de Montpellier sont confrontés au diagnostic d’un cancer qu’ils doivent annoncer aux acteurs, sous l’œil averti du Pr Marc Ychou, de l’institut de cancérologie de Montpellier, et de Serge Ouaknine, metteur en scène à l’École nationale supérieure d’art dramatique (Ensad) de Montpellier.
« Bon, les analyses ne sont pas bonnes. Vous avez un cancer. » Brutale et sèche comme un coup de bambou, l’annonce faite par Mathieu, premier étudiant à essuyer les plâtres, provoque quelques rires. « Vous avez été un peu expéditif », recadre gentiment le Pr Ychou dont les premiers conseils serviront aux étudiants suivants. Colère, effondrement, incompréhension… les acteurs miment une palette de situations auxquelles les futurs médecins pourront être confrontés. Au fil des prestations, une certaine pesanteur emplit le théâtre. Chacun est désormais pénétré par son rôle. « Il faut à la fois trouver la distance physique, peser ses mots et ses silences », explique Serge Ouaknine.
Une parenthèse de 4 heures
« Nous avions d’abord élaboré cette formation pour les médecins, en formation continue. Depuis cette année nous l’avons étendue aux étudiants », précise le Pr Ychou. Le temps de quatre heures, dans les murs d’un vrai théâtre, les étudiants sont donc invités à une parenthèse, où un metteur en scène leur explique que leur « verticalité », leur « façon d’être et de se positionner », leur « débit » est tout aussi important que le contenu de l’annonce elle-même. « L’écoute est antérieure à la parole. Il faut d’abord apprendre à accueillir le malade », poursuit Serge Ouaknine.
Acteur durant trois ans au Conservatoire de Montpellier quand il était plus jeune, le Pr Ychou défend l’intérêt de l’exercice. « Au travers de cette session, il faut qu’ils prennent conscience de l’image qu’ils vont renvoyer. Trop souvent de jeunes médecins font preuves de trop d’empathie ou bien au contraire, se montrent de glace… Trouver la juste distance doit pouvoir s’improviser pour chaque cas. C’est la clé de l’interaction entre le médecin et le patient. »
Le choix de la quatrième année d’études n’est pas anodin. Il correspond à une période où les étudiants, ils sont 240 à la faculté de médecine de Montpellier, sont déjà confrontés aux patients sans toutefois être encore dans l’obsession de l’internat. À l’issue de l’après-midi, les étudiants ressortent quelque peu chamboulés du théâtre. « Au début, ce n’est pas facile de trouver ses mots devant tout le monde, mais assez vite, on oublie le regard de l’autre », explique Laurianne Griotto qui complète : « Au moins on a un exercice du genre avant l’internat… parce que la première annonce doit être corsée… »
Au final, même ceux qui pouvaient paraître les plus sceptiques à l’approche de l’exercice se sont pris au jeu de ce qui dans la vie du patient se révèle toujours une tragédie.
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