Trop, c’est trop ! La vie quotidienne des étudiants hospitaliers se fait encore dans des conditions borderline, voire carrément en dehors des clous. Une vaste enquête de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) auprès des intéressés en fournit de nombreux exemples. À Lille, dans certains services, les carabins sont contraints de poser leurs jours de congé sur des périodes universitaires, ce qui est illégal. À Angers, les demi-gardes ne sont pas rémunérées. À Rennes, les gardes pédagogiques facultatives ne sont pas payées. À Lyon Sud, les externes sont contraints d’effectuer des gardes la veille de leurs partiels. À Reims, le règlement des gardes s’éternise sur plusieurs mois…
L’enquête de l’ANEMF épingle ces comportements dont les causes tiennent, selon elle, à une méconnaissance pure et simple de la réglementation ou à une violation délibérée des récents acquis en matière de conditions de travail des stagiaires. L’asymétrie entre étudiants et encadrants expliquant, selon les jeunes, que ces pratiques perdurent.
Plus de congés, moins de stages
L’Association profite de la diffusion de cette enquête pour faire valoir les desiderata des futurs médecins et dresser une liste de revendications pour changer la donne. « L’injustice ne peut plus durer », tonne Yanis Merad. Le président de l’ANEMF estimant « qu’une attention toute particulière doit être portée au statut de l’étudiant hospitalier dont la précarité et les carences sont une source de stress importante. »
À ce titre, son association réclame la remise en question des terrains de stage dont les évaluations concluent à des missions inadaptées. Au-delà, l’ANEMF demande l’ouverture d’une concertation sur le temps de travail des étudiants hospitaliers, incluant charge hebdomadaire, et accroissement des congés au-delà des 30 jours actuels. L’ANEMF suggère aussi la révision de la durée (36 mois) du DFASM, pour éviter le prolongement des stages, particulièrement mal vécu, au-delà des ECN. Les étudiants veulent aussi être payés en temps et en heure et voir le repos de sécurité réellement respecté. Avec sanctions à la clé pour les CHU récalcitrants.
Aligner la rémunération sur les stagiaires du supérieur
Les revendications sont aussi financières. Carabins, oui, vaches à lait, pas question ! signifient en substance les étudiants. Leur plateforme dénonce l’indigence des rémunérations : à peine 130 euros par mois en DFASM1 et moins de 300 en DFASM3… Comment vivre avec si peu ? « Un étudiant en situation de précarité et devant travailler pour financer ses études sera condamné à abandonner ses études ou à assumer des rythmes de vie inhumains » dénonce l’association, qui trouverait normale l’alignement de la rémunération des étudiants hospitaliers sur celles des stagiaires de l’enseignement supérieur et aimerait obtenir par ailleurs l’accès à la prime d’activité dont les futurs médecins ne voient, pour l’heure, pas la couleur.
Financièrement, ce n’est pas tout : l’ANEMF juge ridicule le forfait de 130 euros pour les stages hors CHU et réclame aussi l’extension aux étudiants hospitaliers de l’aide à l’hébergement de 200 euros dont bénéficient les internes.
Les demandes des étudiants ne sont pas si nouvelles. Il y a un an, l’ANEMF avait signé – avec la FHF et les Conférences de CHU – une « charte d’accueil des étudiants hospitaliers ». Elle en dresse aujourd’hui un bilan plus que mitigé : à ce jour, moins de 10 UFR et moins de 5 CHU l'ont adoptée…
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre