C’est dans l’enceinte du prestigieux MIT (Institut de technologie du Massachusetts) que la saga des MOOC est née, au début des années 2000. Plusieurs universités américaines lui ont emboîté le pas, et le concept s’est étoffé avec le temps. De simples cours en amphi filmés et mis en ligne, on est passé à un cursus complet, interactif et ouvert à la planète entière, en simultané.
Trois plateformes américaines (Coursera, EdX et Udacity) se sont imposées. Elles hébergent déjà des milliers de MOOC anglophones qui traitent de sujets divers, de l’architecture à l’histoire, en passant par la géopolitique et... la médecine.
Nombre de médecins américains ont pris l’habitude de se former - et de se recertifier - avec des MOOC. S’y inscrit qui veut : par exemple, le MOOC consacré aux biostatistiques que propose actuellement l’université John Hopkins est suivi par un dentiste indien, un médecin thaïlandais, un biologiste mexicain, un pharmacien londonien... Le professeur, John McGready, a bâti le programme (textes, vidéos, quizz) qui dure huit semaines. Sur le forum rattaché au MOOC, les participants se motivent et échangent des conseils. « Je suis très excitée à l’idée de vaincre ma phobie des statistiques, et je compte apprendre avec vous tous », s’exclamait Samira le premier jour.
La France tente de se mettre à la page
Face au retard de l’Europe, la France a réagi l’an dernier avec le lancement de la plateforme FUN (France université numérique). Une petite dizaine de MOOC en santé y sont hébergés. Ce n’est qu’un début, prophétise Matthieu Cisel, expert français de ces cours massifs et gratuits en ligne : « De plus en plus de MOOC sont développés en médecine et en chirurgie. Certes, les aspects manuels ne peuvent être enseignés par ce biais, et ce n’est pas avec un MOOC qu’on peut devenir médecin. Mais cela permet de mettre à jour ses connaissances et d’acquérir de nouveaux savoirs ». À charge pour les volontaires de s’inscrire, et de suivre le programme avec assiduité (trop impersonnels, les cours sont très souvent abandonnés avant leur terme).
Construire ces formations gratuites en ligne est chronophage et coûteux. Ce nouveau « e-learning » a-t-il un avenir dans le secteur de la santé ? La Sorbonne Paris Cité, qui regroupe plusieurs grandes écoles et facultés de médecine, a fait ce pari. Elle a fabriqué et mis en ligne 6 MOOC ; 19 autres sont dans les cartons. La quête de prestige motive aussi la dynamique. « Notre MOOC sur le chikungunya et notre MOOC sur les biostatistiques de base ont été suivis par des élus, des gens du marketing... Toutes sortes de personnes, sauf les professionnels de santé », observe Hubert Javaux, en charge des MOOC à la Sorbonne Paris Cité. Il ne s’en étonne pas. « Un MOOC s’adresse à tout le monde. Pour cibler un public averti, il faut basculer sur le concept du SPOC, le "small private online courses" », un modèle plus réduit et diplômant pour un effectif resserré. Des projets à mi-chemin entre le MOOC et le SPOC apparaissent déjà, qui ciblent la formation médicale (voir ci-dessous).
Nouvelle offre
L’épidémiologiste Antoine Flahault a conçu plusieurs MOOC en santé publique. Lorsqu’il enregistre son cours face caméra, il se met au niveau des connaissances du médecin généraliste. « J’explique ce qu’est une cohorte, mais je ne redéfinis pas le paludisme », illustre-t-il. Sur les forums des MOOC santé francophones, les questions viennent souvent de retraités, d’étudiants, de journalistes, de directeurs d’hôpital... Mais très rarement de médecins. La révolution du numérique dans l’enseignement supérieur ne fait que commencer.
Le Pr Flahault n’en tire aucune déception : « Créer une université ouverte permet à des gens de tous horizons d’apporter des réponses inattendues. Le MIT, grâce à l’un de ses MOOC, a décelé un talent extraordinaire en physique, un jeune Mongol de 14 ans vivant à Oulan-Bator! ». Le prochain prix Nobel de médecine vit peut-être dans quelque village africain, dont le génie sera révélé grâce aux MOOC.
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