LA FRANCE accueille chaque année de nombreux médecins européens. Elle envoie aussi ses étudiants se former en médecine à travers l’Europe. En 2005, une directive européenne a accordé la réciprocité des diplômes aux praticiens de l’Union européenne. Depuis, ils sont ainsi plusieurs centaines à avoir pris le chemin de la Roumanie qui a intégré l’Europe en 2007, de la Belgique ou de la Croatie pour y suivre une formation complète ou les deux premiers cycles avant de revenir passer les ECN en France.
Selon nos informations, la fac roumaine de Iasi accueille plus de 100 étudiants tandis qu’ils sont plus de 400 à Cluj !Cette situation inquiète les autorités. Le gouvernement a tenté d’agir. Un décret paru le 10 août 2011 a interdit aux étudiants ayant échoué à deux reprises en PCEM1 en France de tenter les épreuves classantes nationales (ECN) après une formation à l’étranger.
Rupture d’égalité.
Patatras. Le Conseil d’État a annulé cette disposition au motif de l’harmonisation européenne. L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) le déplore. « Cette reculade met de côté le mérite de ceux qui franchissent la barrière de la première année commune aux études de santé (PACES), analysent les étudiants amers. Elle encourage un système du déni qui pousse les déçus du numerus clausus à retenter leur chance à l’étranger, au prix souvent de frais de scolarité exorbitants. »
Les pouvoirs publics redoutent désormais un exode massif d’étudiants français vers l’étranger et...leur retour en France pour passer les ECN. Les doyens fulminent. Le Pr Dominique Perrotin, président de la conférence des doyens en médecine se dit préoccupé par cette « rupture de l’égalité ». L’universitaire ne mâche pas ses mots : « On peut désormais acheter sa formation à l’étranger ».
Le cri d’alarme de l’Ordre.
L’Ordre des médecins est également en alerte. Il y a deux ans, une délégation du CNOM s’est rendue en Roumanie à la demande des ministères de la Santé, de l’Enseignement supérieur et des Affaires étrangères. Il leur a remis un rapport qui n’a jamais été rendu public. Le président de l’Ordre se dit « très inquiet » des conséquences de l’annulation du décret du 10 août 2011. « Je redoute un nouvel appel d’air des étudiants français vers les facultés de médecine roumaines de Cluj et d’Iasi sans filtre d’entrée autre que l’examen de dossier », affirme au « Quotidien » le Dr Michel Legmann. Pour le président du CNOM, ces formations constituent un contournement du numerus clausus inacceptable. « Est-il normal que nos enfants se cassent les dents pour un demi-point en première année en travaillant comme des dingues alors que d’autres peuvent s’exiler en Belgique ou en Roumanie ? », s’insurge le président de l’Ordre.
La Santé veut tracer les carabins.
Les tutelles sont démunies. « Il est difficile de combattre ce phénomène », nous confie-t-on au ministère de la Santé. Impossible aussi de se soustraire à la législation européenne et à la célèbre directive 2005-36 selon laquelle tout médecin ressortissant de l’Union peut circuler librement dans les vingt-sept pays membres et y travailler. « Il nous faut réfléchir pour intégrer cette problématique et revoir la régulation des professionnels, en plus du numerus clausus », ajoute-t-on dans l’entourage de Marisol Touraine. Afin de connaître le nombre total de carabins susceptibles d’intégrer les rangs des effectifs de médecins, une piste serait d’assurer « une traçabilité des étudiants au long de leur cursus en Europe ».
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