Les tops et les flops des 14 nouveaux DES

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Publié le 25/09/2017
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Certains des 14 nouveaux DES ont rencontré un franc succès auprès des étudiants, d'autres moins. « Le Quotidien » a enquêté sur les raisons de ces résultats.

Les maladies infectieuses et tropicales au beau fixe

Plusieurs arguments expliquent le succès de cette spécialité, choisie par la major aux ECN, dont son caractère multidisciplinaire. « Elle est transversale, touche à tous les organes et appareils, explique le Pr Albert Sotto, président du collège des universitaires des maladies infectieuses et tropicales. C'est une discipline stimulante avec des défis majeurs comme les maladies émergentes et l'antibiorésistance ». Le dynamisme de la recherche et la flexibilité de la pratique sont perçus comme un atout. « La diversité des débouchés et des modes de pratique de l'infectiologie – suivi VIH/IST, infectiologie de l'immunodéprimé à l'hôpital, antibiothérapie – séduisent », détaille le Dr Julien Gras, référent au Syndicat des internes des hôpitaux de Paris.

L'éveil de la médecine intensive-réanimation (MIR)

Nouveau DES attaché à l'anesthérie-réanimation, la MIR figure parmi les spécialités prisées. « Elle est attractive car la prise en charge des maladies est très variée. C'est de la médecine interne appliquée à la médecine aiguë et d'urgence, explique le Pr Alain Combes, président du Collège national des enseignants de médecine intensive-réanimation (Cemir). Pour les jeunes, c'est un milieu vivant ! Ils apprécient l'esprit d'équipe. L'ambiance dans les services est excellente. » La partie n'était pourtant pas gagnée. Une querelle s'est déclenchée avec les anesthésistes sur le nombre de postes à ouvrir. « Nous sommes très heureux de cette reconnaissance faite par les futurs internes. Le combat en légitimité semble être gagné », précise le Pr Christian Richard, ancien membre du Cemir. « Il nous reste à le gagner face aux pouvoirs publics », ajoute-t-il.

La gériatrie devra faire ses preuves

En bas du tableau malgré la campagne #jesuisgériatre menée sur les réseaux sociaux, cette nouvelle spécialité aura attiré 171 internes sur les 200 postes offerts. Le Dr Guillaume Ducher, président de l'Association des jeunes gériatres hospitaliers regrette la méconnaissance de la spécialité. « La gériatrie souffre d'une mauvaise image auprès des étudiants. Ils imaginent que nous sommes des médecins de maisons de retraite alors que c'est un métier avec plusieurs filières dont la médecine aiguë, la rééducation et les structures d'EHPAD ». Selon le Pr Gaëtan Gavazzi, président du Collège national des enseignants en gériatrie, 60 à 70 % des externes ne passent pas par ces services « d'où cette vision décalée ». Le Dr Ducher reste positif. « On part de zéro. Le nombre de postes ouverts reste très important ». 

L'allergologie a peu sensibilisé

En queue de peloton, l'allergologie a rempli ses rangs au compte-gouttes. Un résultat attendu par le Dr Sarah Saf, présidente de l'Association des jeunes allergologues de France. « Ils ne connaissent pas cette spécialité. Les externes ont 3 ou 4 items réservés à l'allergologie sur plus de 400. Le nombre de terrains de stage est faible et parfois même fermé aux étudiants ». Le revenu des allergologues est un autre frein. « Nous sommes dans le bas du tableau, derrière les pédiatres, avec un acte de référence dont le prix n'a pas bougé depuis 1989 alors que la durée des consultations s'allonge », confie le Dr Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues. 

La médecine d'urgence laisse perplexe

La médecine d'urgence a troublé les nouveau internes. « Le saut dans l'inconnu a conduit à cette faible attractivité », commente le Pr Dominique Pateron, président du Collège national des enseignants de la médecine d'urgence. Toutefois, à Lyon, Paris et Nantes les postes ont été pourvus rapidement. « L'environnement et les conditions de travail ont clairement été pris en compte », analyse le Pr Pateron. Les étudiants ont examiné « les horaires, l'organisation des services, des gardes et l'ambiance » avant de faire leur choix. « Ça sera un véritable challenge pour nous et le ministère de rendre plus attractive cette discipline », avoue-t-il.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9604