À l'Université de Paris, les partiels de 800 carabins de deuxième année tournent au chaos technique, les étudiants désemparés

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Publié le 06/01/2021

Crédit photo : S.Toubon

L'année 2021 commence sous de bien sombres auspices pour les carabins parisiens. Plus de 800 étudiants en 2e année de médecine de l'Université de Paris – fusion de Paris-Descartes et Paris-Diderot – ont subi un véritable fiasco technique lors de leurs partiels en présentiel du lundi 4 janvier. Tablettes en panne non remplacées, amphis sans connexion, non-respect des gestes barrières, accès impossible à une partie du sujet : alors qu'ils devaient composer sur tablette numérique, ils ont été confrontés une succession de couacs entraînant l'annulation de plusieurs examens et l'obligation de recomposer à distance en fin de semaine (jeudi et vendredi).

Ambiance électrique

Depuis septembre 2020, Paris-Descartes (V) et Paris Diderot (VII) ont fusionné créant de très conséquentes promotions d'étudiants dans certaines filières. Ainsi 842 jeunes sont inscrits en deuxième année de médecine.

La rentrée du 4 janvier coïncidait pour cette promotion avec le démarrage des examens (programmés jusqu'à mercredi 6 janvier). En raison du nombre d'étudiants et afin de respecter les précautions sanitaires, les partiels sur tablette se déroulaient sur deux sites : une moitié d'étudiants à Bichat (18e) et l'autre à Villemin (10e arrondissement).

Las, les bugs rencontrés ont rendu l'ambiance électrique dès la 1re épreuve. « Environ 300 étudiants ont rencontré des problèmes de Wifi, d'autres ont eu des difficultés à se connecter à SIDES [plate-forme informatique partagée], d'autre encore n'ont eu accès qu'à la moitié des sujets », raconte au « Quotidien » l'un des élus étudiants de la fac de médecine de l'Université de Paris. Résultat ? Certains n'ont pas réussi à terminer leurs partiels, même avec le temps supplémentaire accordé. La 2e épreuve de la journée a été annulée dans la foulée… 

#Mentalbreakup pour extérioriser

Exaspérés par cet « échec de trop », les jeunes ont réclamé des comptes à l'UFR de médecine. C'est seulement tard dans la soirée de lundi que la promotion concernée a reçu un mail du doyen les informant que les examens du 5 – soit ceux du lendemain – étaient reportés en raison « des problèmes rencontrés dans l'après-midi ». En revanche, la dernière journée de partiels prévue ce mercredi 6 janvier a été maintenue.

A l'issue de cette journée catastrophe, les carabins ont contacté les élus UFR ainsi que l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) pour exprimer leur colère et leur désarroi. « Depuis plusieurs mois, nous rencontrons des problèmes de communication avec la direction et les soucis se sont accumulés, souligne l'un des élus UFR de l'université. Hier nous avons reçu beaucoup de messages d'étudiants désemparés. »

En réponse, les élus et étudiants ont lancé le hashtag #Mentalbreakup sur Twitter afin de « faire quelque chose de fort » qui « retrace les problèmes depuis le début d'année ». En voici quelques extraits :

À distance

L'Université a donc tranché pour des examens réalisés à distance dès ce mercredi. « Les épreuves annulées de lundi et mardi auront lieu ce jeudi et vendredi, explique l'un des élus UFR. Et pour ceux qui n'ont pas réussi à composer la 1re épreuve de lundi, elle sera réorganisée pour les étudiants le nécessitant mais la date n'est pas définie. »

« Ce dysfonctionnement n’est que le dernier d’une longue liste d’incidents survenus depuis la fusion des UFR de médecine de Paris 7-Diderot et Paris 5-Descartes, explique Jeanne Dupont Deguine, en charge des études médicales à l'ANEMF. Beaucoup d'étudiants dénoncent cette fusion qui s'est déroulée tambour battant. Il y a eu un problème avec les adresses mail, des difficultés d'accès aux enseignements en ligne ou encore une absence de communication, il n'y a pas de réelle prise en charge de la santé mentale. » Et d'ajouter, amère : « L'année est très difficile, les problèmes de partiels c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. » Selon l'ANEMF, bon nombre d'enseignants très impliqués de l'Université de Paris déplorent eux-aussi ces conditions de travail et dénoncent une forme de « maltraitance ».  


Source : lequotidiendumedecin.fr