Ce jeudi 3 juin, c’est l’heure du sandwich avalé les yeux dans le vague, mais aussi du mi-parcours des ECN, pour tous les étudiants convoqués à l’Espace Double Mixte du campus universitaire lyonnais de la Doua à Villeurbanne. Céline, provisions à la main, attend son fiancé, bien contente, explique-t-elle, de ne pas être à sa place. Ces épreuves, dans tous les sens du terme, elle les a traversées l’année dernière et obtenu la spécialité voulue : la radiologie. « Mais, je n’ai pas été reçu à Lyon, j’ai donc choisi Brest ». Ravie de son choix, elle espère à présent que son ami puisse la rejoindre et « enfin profiter un peu de la vie ». Pas question de travailler 60 heures par semaine, « je veux trouver un équilibre entre mon activité professionnelle et ma vie familiale ».
Avec plus de 30 minutes de retard, les portes s’ouvrent enfin, libérant des postulants visiblement harassés, et peu loquaces. Le temps dont ils disposent pour se restaurer est court : « je ne sais même pas si ça s’est bien ou pas bien passé pour moi », lâche l’un d’eux, tournant talons aussi sec?! Plus prolixe, le trio de Céline, Jean-Charles et Noémie s’attarde devant la salle d’examen. Si Céline aimerait obtenir un poste en urologie, Jean-Charles et Noémie ont déjà jeté leur dévolu sur la médecine générale. Que savent-ils au juste de l’exercice de cette spécialité si peu fréquentée durant leur cursus ? « Pas grand-chose » reconnaît Jean-Charles. « Notre formation repose sur l’enseignement des spécialités et se déroule presque exclusivement à l’hôpital, ajoute-t-il. En deux semaines de stage, j’ai à peine entraperçu ce que c’était ». De son côté, Céline précise que même si ses deux amis affirment avoir « choisi » la médecine générale, « on a le sentiment entre nous (Ndlr : ceux qui ont fait un autre choix) que cela reste un choix par défaut ». Et d’ajouter : « d’ailleurs les parents nous poussent à faire une spécialité qui est plus prestigieuse à leurs yeux ».
Dissuasion
Le manque de reconnaissance et de valorisation de la médecine générale, fruit des politiques passées, seraient-ils également entretenus par l’inconscient collectif?? « C’est un peu ça », admet Jean-Charles, « car dans notre génération, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir envie d’exercer autrement, et donc de faire de la médecine générale pour le côté humain, opposé à l’aspect technique des spécialités ».
Plus loin, un groupe de quatre étudiants déplore que « tout soit fait » durant les études, mais aussi dans les informations véhiculées sur la médecine générale, pour les dissuader d’aller vers cette spécialité. Par ailleurs, alors que nombre de carabins poursuivront leur cursus à l’hôpital, le regard jeté par certains sur cette institution est peu reluisant : « à l’hôpital, il faut désormais faire de la thune, lécher les bottes à la hiérarchie pour avancer et la règle, c’est de savoir cracher sur la médecine générale?! » fustige Célia.
Son désir serait de faire de la gynécologie obstétrique. À l’hôpital?? « Sûrement pas », réagit-elle au quart de tour. Et d’ajouter : « ça m’irait bien de travailler en clinique, et d’être salariée. Pas question de travailler seule.
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