LE QUOTIDIEN : Le tutorat à distance fonctionne-t-il correctement ?
MATHIEU LAMY : Oui mais le passage des tutorats à distance a été hétérogène. Certains étaient déjà préparés et ont eu les réflexes du premier confinement – ils ont réactivé aussitôt les séances en visioconférence – pour d'autres ça a été plus long. Les mesures sanitaires étant annoncées par à-coups – nombre réduit de salles à la faculté, couvre-feu puis confinement – il a fallu s'adapter en urgence.
Aujourd'hui, les séances d'entraînement se font 100 % à distance. Les examens blancs et les « khôlles » [interrogations orales, NDLR] sont aussi maintenus via des plateformes en ligne. Certaines facultés ont mis des tablettes à disposition des tuteurs, par exemple pour dessiner des schémas et équations chimiques, que l'on faisait auparavant au tableau en salle de cours. Les séances sont de meilleure qualité. La plateforme de QCM en ligne est aussi utilisée par les jeunes.
Le tutorat joue également un rôle majeur dans le soutien et la demande de bien-être. Nous y travaillons depuis des années mais avec les confinements, ce rôle s'est révélé. Les retours des tutorats montrent que cette demande de bien-être et d'accompagnement des étudiants a explosé.
Comment expliquer cette situation ? Quel est ici le rôle des tutorats ?
D'abord, 2020 est une année de réforme [fin de la PACES et du numerus clausus, NDLR] qui ne se déroule pas dans les meilleures conditions à cause de la crise sanitaire. Les modalités de contrôle des connaissances, notamment des oraux, ont été précisées seulement en octobre et cela a généré beaucoup d'inquiétude.
Il y a aussi un manque évident de lien social. Se faire des amis, manger avec d'autres étudiants au RU, ce n'est plus possible… Les étudiants sont soit chez leurs parents, soit isolés dans un studio. Ce n'est pas simple.
C'est pourquoi ils ont besoin d'écoute et de soutien supplémentaire. Les tutorats sont le premier relais pour leur faire garder la motivation et éviter l'isolement. Les tuteurs suivent parfois 3 à 5 pupilles [étudiants en première année, NDLR] et peuvent aussi leur passer des coups de fil. Il existe aussi une adresse mail pour nous écrire directement. Les plus grandes associations ont mis en place des plateformes d'écoute comme le Centre national d'appui. Et en cas de détresse, nous sommes formés à adresser tout jeune auprès de spécialistes.
Quels autres services avez-vous instauré ?
À Lille, le tutorat a mis en place une BU [bibliothèque universitaire, NDLR] en ligne. L'intérêt de la BU est de se concentrer dans un endroit calme, où il y a du monde qui travaille, ça donne une sorte de pression indirecte pour se motiver. Ici, les étudiants se connectent à la BU en ligne mais sans micro, juste avec la vidéo. Ils apprécient, ça les pousse à ne rien lâcher ! Certaines connexions permettent 300 entrées. Des tuteurs se connectent aussi pour accompagner et répondre à des questions.
Certains tutorats ont créé des vidéos de sport, de bien-être ou délivrent des conseils pour apprendre à bien travailler chez soi. D'autres encore organisent des séminaires en ligne pour apprendre aux jeunes à mieux gérer leur sommeil, ou s'improvisent cuistots et proposent des recettes de cuisine pour manger plus sain.
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