Les représentants des collectivités locales n'abandonnent pas l'idée d'une régulation à l'installation des médecins libéraux. Interrogés ce jeudi par l'infatigable rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur l'accès aux soins, Philippe Vigier (UDI), plusieurs élus locaux ont réaffirmé la nécessité d'un principe de conventionnement sélectif pour améliorer l'accès aux soins.
« C'est un vieux serpent de mer mais quand aura-t-on enfin le courage de faire pour un départ à la retraite pour une nouvelle installation ? Il faut qu'il y ait un minimum de régulation et qu'elle soit nationale », assène Isabelle Maincion, vice-présidente de l'Association des maires de France (AMF) et édile de la Ville-aux-Clercs (Loir-et-Cher). Elle épingle au passage les zonages définis par les agences régionales de santé (ARS), permettant de définir les territoires sous-dotés en médecins éligibles aux aides, et qui se basent « sur des données de 2015 », sans prospective sur l'âge des médecins.
Dans le même registre autoritaire, Dominique Dhumeaux, vice-président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) et élu de la Ferté-sur-Sarthe, appelle à « ne pas conventionner les médecins qui vont vers des zones trop dotées » en les incitant à aller vers des territoires en tension. « Cela peut cependant être défini sur une période donnée », précise-t-il.
Seul André Accary, président (LR) de Saône-et-Loire et représentant de l'Assemblée des départements de France (ADF), se dit résolument « contre l'obligation pour un interne de s'installer à un endroit ». « Je pense que de toute façon ça ne marcherait pas, laissons aux médecins la liberté d'installation », juge André Accary. L'élu met plutôt en avant son modèle de centre de santé départemental (4 pôles et 45 antennes où sont salariés pour le moment 10 médecins). « Cela permet de "réguler" les choses mais sans obligation », souligne le patron du département.
Moins de paperasse
Pour les élus locaux, il est urgent de libérer du temps médical. « Le temps disponible des médecins va continuer à aller en diminuant, et les mesures du gouvernement ne vont pas faire changer les choses, met en garde Isabelle Maincion. Il faut une réflexion en ce sens car il y a un désamour complet pour l'exercice libéral, et pas que chez les médecins… Les jeunes ne veulent plus y aller, toute la partie administrative est tellement pesante ! »
Cette solution est également plébiscitée par André Accary puisque les médecins salariés du centre de santé départemental sont déchargés de toute la partie administrative. « Ils ne font que de la médecine, certains qui sont venus en étant proches de la retraite me disent d'ailleurs qu'ils ont l'impression d'exercer comme il y a vingt ans », se réjouit le politique.
Enfin, le représentant des maires ruraux veut « mettre le paquet » sur externes afin de les attirer au plus vite dans les zones rurales. « Ce sont les étudiants en 4e, 5e et 6e année qu'on doit accompagner et convaincre, car c'est à ce moment que leurs projets se définissent, pas quand ils sont déjà internes ! », plaide Dominique Dhumeaux.
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