Thomas Cantaloup, interne en psychiatrie au CHU de Lille, a longtemps cherché un outil numérique d'aide à la prescription de psychotropes, comme il en existe pour les antibiotiques ou les médicaments de certaines spécialités.
« On se disait que ce n'était pas possible que ça n'existe pas pour la psychiatrie », confie-t-il. Mais n'ayant rien trouvé, il a entrepris, avec quelques congénères, la création de l'appli web gratuite PsychoPharma.fr, conçue pour simplifier, optimiser et sécuriser les prescriptions de psychotropes.
Pour mener à bien ce projet, l'interne lillois a d'abord commencé, il y a un an et demi, à compiler lui-même les données scientifiques sur les psychotropes commercialisés en France (propriétés pharmacologiques, effets indésirables, contre-indications, posologies, etc.). Un travail de bénédictin consistant à collecter les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) ou les informations de la base de données de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Depuis juillet 2019, c'est l'association P-Sciences, réunissant d'autres internes en psychiatrie et en cardiologie, mais aussi un étudiant en pharmacie et un infirmier, qui a porté cette aventure.
Trouver le bon antidépresseur
Durant le premier trimestre 2020, tout s'accélère. Thomas Cantaloup bénéficie d'un accompagnement au sein du programme FrenchTech Tremplin, qui permet à des non spécialistes des technologies numériques de développer leurs projets. Une aide de 20 000 euros de la banque publique d'investissement, Bpifrance, assure le financement du développement informatique. Après une phase de test et de validation, l'application a été lancée officiellement mi-septembre.
Sur la page d'accueil de PsychoPharma.fr, les utilisateurs peuvent choisir — sans même devoir se créer un compte — entre cinq outils. La recherche par indication permet au prescripteur ayant un questionnement de « trouver le traitement idéal en fonction du profil du patient », explique le concepteur. En pratique, l'interne, le psychiatre ou le généraliste indique l'âge du patient, le type de trouble psychiatrique, le terrain (autre pathologie, patiente enceinte, allaitante, etc.) et l'existence d'un traitement. Le résultat propose, comme dans les recommandations de la HAS, d'abord les traitements non médicamenteux indiqués, puis les psychotropes appropriés (via un code couleur) ainsi que les modalités d'évaluation.
Un autre outil (switch) permet de vérifier comment passer d'un antidépresseur à un autre sans perdre en efficacité et en évitant les effets indésirables liés à l'arrêt non maîtrisé du premier traitement. Les autres services visent à convertir les posologies ml ou mg en gouttes, à calculer l'équivalence entre benzodiazépines ou à calculer l'intervalle QT corrigé d'un patient, à vérifier lors d'une prescription de psychotropes. Tous les résultats sont accompagnés des sources publiques et scientifiques.
L'appli web s'adresse aux professionnels de santé qui prescrivent, délivrent ou administrent des psychotropes. Elle est gratuite et indépendante de l'industrie pharmaceutique. « Nous sommes en train de nouer des partenariats avec des fondations, des mutuelles et des collectivités » pour poursuivre son développement, ajoute l'interne. Qui tient beaucoup à ce modèle fondé sur les dons et le mécénat. « On a tellement à gagner grâce à cet outil ! »
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