LE QUOTIDIEN : Vous exercez au CHRU de Montpellier, à l’Institut d’Imagerie Fonctionnelle Humaine de Montpellier (I2FH) et avez également une activité de recherche dans le domaine des neurosciences pour laquelle vous êtes affilié à l’Inserm. Pouvez-vous préciser vos missions actuelles ?
NICOLAS MENJOT DE CHAMPFLEUR : Je suis maître de conférence à la faculté de Montpellier et praticien hospitalier au sein du service de neuroradiologie de l’hôpital Gui de Chauliac (Montpellier), dont le chef de service est le professeur Alain Bonafé. Je consacre les trois quarts de mon temps à mon activité clinique (imagerie neuroradiologique diagnostique), un quart à la recherche. Mes thématiques de recherche sont organisées autour des outils de neuroimagerie avancés et de leurs applications en neurosciences dans les domaines des neurosciences fondamentales (plasticité cérébrale et cognition) mais aussi, autour d’applications cliniques en neuro-oncologie, maladies neurodégénératives et maladies de la substance blanche.
Enfin, j’ai une activité d’enseignement qui compte pour une centaine d’heures de cours ou travaux dirigés par an, au sein de la faculté, mais aussi, au travers de la formation des internes dans le cadre de mon activité clinique quotidienne.
Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans la voie hospitalo-universitaire ?
J’ai toujours été attiré par l’enseignement et la recherche. Un poste hospitalo-universitaire est, à mon sens, très stimulant d’un point de vue intellectuel. C’est l’occasion d’interagir avec des personnes enrichissantes, d’encadrer des étudiants, de travailler sur des questions de recherche en perpétuelle évolution. Grâce à cela, il n’y a aucune lassitude dans mon travail. La notion de compagnonnage est, par ailleurs, très importante pour moi : j’accueille des internes qui restent au sein du service de neuroradiologie durant 6 mois, parfois un an. J’ai parfois la chance de les revoir durant leur clinicat et pour les aider à approfondir leurs connaissances. J’encadre également des étudiants d’horizons très différents (biologistes, informaticiens, physiciens…) dans le cadre de la recherche. C’est une richesse pour notre équipe de pouvoir ainsi travailler avec des personnes qui n’appartiennent pas au milieu médical.
S’investir dans la voie hospitalo-universitaire est un choix ambitieux. Quelles sont les grandes étapes de ce parcours ?
Afin d’accéder à la voie universitaire, il faut bien sûr valider les études de médecine, l’internat, obtenir une thèse d’exercice, mais aussi, effectuer un clinicat, une thèse d’université et passer une habilitation à diriger des recherches. Il est ensuite requis d’accomplir une période de mobilité scientifique, effectuée pour ma part au Centre de neuro-imagerie et de recherche (CENIR) du groupe hospitalier Pitié-Salpétrière, à Paris.
Si l’on souhaite, in fine, obtenir un poste de PU-PH, il faut répondre à de multiples exigences. Notre travail est en effet évalué sous plusieurs angles. Pour le volet hospitalier, plusieurs critères sont pris en considération : le volume et la qualité de l’activité clinique ainsi que la participation aux gardes et astreintes. Pour le volet recherche, la nature et le volume des collaborations nationales et internationales, le nombre et la qualité des publications (revues reconnues, impact factor), la capacité à recruter et encadrer des étudiants (thèses d’université ou master 2) sont des critères primordiaux. Pour le volet pédagogique, c’est notamment la qualité de l’enseignement qui est prise en compte. Enfin les impétrants doivent postuler au concours organisé pour le recrutement des personnels enseignants et hospitaliers.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui envisagent ce type de carrière ?
Je les encourage à s’y engager, mais ils doivent s’armer de patience et fournir un travail important et régulier. C’est un vrai marathon. Le parcours est long et l’investissement en temps est considérable, mais pas incompatible avec une vie de famille. Les qualités professionnelles et humaines de nos propres encadrants sont aussi très importantes (chefs de service, directeurs de thèse…) : dans les moments de doutes, le soutien moral et l’écoute de mes mentors ont été un bien précieux.
L’étude de la plasticité cérébrale en IRM et l’imagerie avancée des syndromes parkinsoniens sont les deux thématiques phares de votre activité de recherche. Quelles en sont les applications escomptées ?
Dans le cadre de la recherche sur la plasticité cérébrale, je m’intéresse à l’architecture du cerveau, c’est-à-dire à toutes les voies de la substance blanche qui permettent aux régions du cerveau de dialoguer entre elles. J’étudie également la connectivité des réseaux neuronaux. En effet, ces faisceaux de substance blanche (véritables autoroutes de l’information) connectent des îlots de cortex disséminés sur l’ensemble du cerveau et je m’intéresse particulièrement à la façon dont ces îlots de neurones interagissent les uns avec les autres. L’idée est ensuite d’observer comment se modifie le fonctionnement du cerveau en fonction de la maladie ou après une intervention chirurgicale.
Le CHRU de Montpellier soutient-il votre activité de recherche ?
Tout à fait. Mon activité de recherche est viable parce qu’il y a une vraie volonté du CHRU de la développer : il s’est récemment doté d’une plateforme d’IRM de recherche. Cette plateforme –Institut d’imagerie fonctionnelle humaine– comprend notamment une IRM à haut champ, de dernière génération. Sans cette initiative du CHRU, nous n’aurions pas pu continuer notre activité de recherche et accueillir des étudiants doctorants (quatre actuellement).
Quelle est à la nature de vos collaborations avec l’étranger ? Envisagez-vous, par ailleurs, une carrière internationale ?
En matière de recherche, les collaborations internationales sont essentielles. Actuellement, nous avons deux protocoles en cours de réalisation : l’un avec une équipe de New York, l’autre avec des chercheurs de Chicago. Avec New York, nous travaillons sur la plasticité cérébrale : plus particulièrement, sur l’imagerie du vieillissement cérébral et de tous les réseaux qui permettent de suppléer au fonctionnement déficient du cerveau vieillissant (notion de réserve cognitive). Avec Chicago, nous travaillons sur l’imagerie de susceptibilité magnétique, sur une population de patients porteurs de malformations vasculaires cérébrales (cavernomes). Nous essayons de voir si cette technique peut constituer un gain diagnostique ou de suivi des patients.
Toutefois, la France n’a pas à rougir vis-à-vis des pays étrangers : la recherche en neuro-imagerie est de très bonne qualité, collaborative et structurante des univers hospitaliers et scientifiques. Les équipes françaises publient beaucoup et dans des revues reconnues. Je ne connais pas beaucoup de collègues de ma filière ayant fait le choix de l’expatriation.
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