LES RÉUNIONS se succèdent à l’Assemblée nationale et au ministère de l’Enseignement supérieur.
Les associations d’étudiants en santé tentent par tous les moyens d’amender le projet de loi d’orientation pour l’enseignement supérieur qui doit être examiné par le Parlement.
Ce texte prévoit d’expérimenter pendant six ans de nouvelles modalités d’accès aux études médicales avec la création d’une licence santé. Dans ce cadre, davantage d’admissions différées seraient autorisées en 2e ou en 3e année de médecine, odontologie, pharmacie ou maïeutique. Inversement, un premier filtre permettrait de sélectionner les étudiants dans chaque filière dès l’entrée de la première année.
« L’objectif de cette mesure est d’offrir de nouvelles opportunités aux étudiants échouant aux concours d’entrée dans les formations médicales à la fin de leur première année et à diversifier l’origine des professionnels de santé grâce à la création de nouvelles passerelles après une licence adaptée, explique le ministère de l’Enseignement supérieur. Cette expérimentation permettra de tester ce dispositif pour, le cas échéant, le généraliser ».
Un filtre déguisé selon l’ANEMF.
L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) s’inquiète de l’introduction d’une sélection généralisée à l’entrée de l’université. « Le Conseil national de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (CNESER) s’est prononcé sur un texte qui empêchait une sélection à l’entrée de l’université mais le projet de loi que la ministre a déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale comporte la possibilité d’une sélection dans les premières semaines de la première année commune aux études de santé (PACES) », déplore l’ANEMF.
Geneviève Fioraso a tenté d’éteindre le feu. La ministre de l’Enseignement supérieur a assuré que l’objectif de sa réforme n’était pas de sélectionner les élèves au début de la première année mais « d’éviter que des années de préparation au concours de médecine ne soient perdues en cas d’échec. »
Cette disposition permettrait théoriquement de lutter contre le gâchis humain de la première année. Elle présente aussi plusieurs avantages pour les universités. Celles-ci profiteraient de ces réorientations précoces pour compléter certaines filières universitaires qui ont moins de succès que les études de santé (sciences, physique, chimie, droit...). Selon Jean-Loup Salzmann, président de la conférence des présidents d’université (CPU), cité par « le Figaro », sept universités dont Paris-XIII, Paris-V, Paris-VI, Strasbourg et Bordeaux pourront expérimenter les réorientations dès la rentrée prochaine.
De nouveaux profils ?
Le Pr Dominique Perrotin, président de la conférence des doyens de médecine, continue de penser qu’une sélection avant même le début de la PACES serait souhaitable. Il se dit toutefois favorable à l’expérimentation d’une licence santé sous réserve qu’elle ne retarde pas la professionnalisation des études de santé, qu’elle n’allonge pas les études initiales et qu’elle soit ouverte à des étudiants qui n’auraient pas franchi de peu le numerus clausus. « Actuellement, nous avons un profil très stéréotypé d’étudiants en 2e année, titulaires d’un bac S avec mention très bien ou bien », explique-t-il. Le doyen Perrotin souhaite qu’une proportion d’étudiants puisse intégrer progressivement médecine après une sélection sur des critères autres que les notes du baccalauréat.
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