Études de santé, le gâchis

Un rapport envisage la suppression de première année

Publié le 17/01/2013
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Crédit photo : S Toubon

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LE DÉPUTÉ SOCIALISTE de Meurthe-et-Moselle Jean-Yves Le Déaut a remis cette semaine à Jean-Marc Ayrault un rapport (1) sur les conséquences législatives des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Au cœur de ce volumineux document, qui suggère une réforme générale de la licence et une spécialisation disciplinaire plus progressive, un chapitre est passé inaperçu. Il s’attarde sur le « cas particulier » des études de santé et bouscule l’organisation actuelle.

« Le système cumule plusieurs défauts, peut-on lire. D’une part, le concours de fin de première année induit une sélection très forte. D’autre part, la première année commune des études de santé (PACES) - qui partait d’une bonne intention - a hiérarchisé à outrance les différentes disciplines et est particulièrement pénalisante pour certaines d’entres elles (par exemple la pharmacie) ».

Dans d’autres pays, souligne le rapport, la sélection se fait soit sur dossier à l’issue du baccalauréat (Allemagne), soit après un premier cycle universitaire (États-Unis). Enfin, comme en Belgique, certains pays ne sélectionnent pas à l’entrée. En France, la PACES mise en place en 2010/2011 n’a pas remédié au gâchis humain faute de passerelles suffisantes (le numerus clausus étant conservé).

Tronc commun plus long.

D’où l’idée de revoir radicalement le premier cycle de santé. « Je propose la suppression du concours en fin de première année, la mise en place d’une spécialisation progressive dans le cadre d’une licence par grand domaine (médical, pharmaceutique, rééducation, soins infirmiers, maïeutique ...) qui permettra d’orienter, en fonction des résultats académiques, les étudiants sur plusieurs années ».

Aujourd’hui, la première année commune des études de santé (PACES) s’accompagne de la possibilité de passer plusieurs concours mais la sélection s’opère, de fait, très tôt. Dans le nouveau schéma envisagé, on aurait un tronc commun plus long et une sélection plus tardive des étudiants au bout de trois ans. Efficace?

« Les concours ouvrant aux formations diplômantes [sage femme, infirmière...] de niveau master et doctorat seront donc repoussés à la fin de la troisième année », précise le rapport qui veut croire que cette orientation progressive des étudiants en santé aboutira à « l’amélioration du taux de réussite au concours et mettra fin au gâchis actuel qui est inacceptable ».

Miser sur les formations doubles.

Toujours sur la santé, l’objectif serait d’encourager systématiquement les doubles compétences, qui ont le vent en poupe. Une orientation plus progressive doit permettre aux étudiants de « valoriser les connaissances acquises par des doubles compétences particulièrement prometteuses en termes de secteurs économiques et d’emplois, par exemple droit/santé, santé/ingénierie, santé/commerce », peut-on lire. Par symétrie, ajoute le rapport, « des étudiants ayant validé brillamment leurs premières années d’études supérieures, notamment en sciences, pourraient (...) rejoindre le parcours santé sans avoir pour autant fait les premières années de ce cursus (par exemple, chimie vers pharmacie) ; de telles passerelles existent déjà avec des écoles d’ingénieurs, elles devront être développées ».

Dernière recommandation : le rapport juge souhaitable de rassembler au sein des universités « toutes les formations sanitaires et sociales » inscrites dans le cadre du LMD (la responsabilité du diplôme d’infirmière a été donnée aux régions).

Reste à savoir ce que le gouvernement retiendra de ces préconisations. La ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso a annoncé que les nouvelles licences avec spécialisation plus progressive seraient mises en place à la rentrée 2014, mais sans préciser le sort particulier des études de santé.

(1) « Refonder l’Université, dynamiser la recherche ».

 CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 9210