À quoi ressemblera la future maquette du DES de pneumologie ?
Il est encore un peu trop tôt pour se prononcer de manière définitive. Mais la réforme conduite actuellement par le ministère de l’enseignement supérieur, suscite de nombreuses interrogations au sein du Collège des Enseignants de Pneumologie (CEP). « Nous estimons qu’il n’est pas raisonnable de réduire d’une année la durée de la phase d’acquisition des connaissances de base de nos internes, en amont de leur mise en responsabilité », résume son président, le Pr Luc Thiberville, chef du service de pneumologie du CHU de Rouen.
Issu du rapport Couraud-Pruvot, le projet actuel prévoit de découper le DES en trois phases. Le DES débuterait par une « phase socle » d’une année, visant à permettre l’acquisition des compétences transversales à l’exercice du métier de médecin. « À l’issue de cette phase socle, l’interne serait évalué et on examinera avec lui la suite de son cursus. C’est à ce moment qu’il pourrait par exemple choisir de faire une surspécialité », indique le Pr Thiberville. Ensuite viendrait une phase « intermédiaire » ou d’approfondissement. L’interne devrait y acquérir toutes les compétences nécessaires à sa spécialité et soutenir sa thèse. Le DES se terminerait alors par une phase d’un an de « mise en responsabilité ».
« Nous attendions beaucoup de cette réforme. Nous avions l’espoir qu’elle pourrait permettre d’améliorer la formation des DES de pneumologie, d’une part en renforçant la transversalité de la formation, d’autre part en assurant, à l’intérieur du DES, à la fois l’acquisition des connaissances et la mise en pratique des compétences du pneumologue », souligne le Pr Thiberville, qui reconnaît que ce projet s’est heurté à la volonté du ministère de ne pas allonger la durée des DES.
Pour l’instant, le projet définitif n’est pas abouti, et des échanges réguliers ont lieu entre le CEP et la commission Couraud-Pruvot et le ministère. « Dans la demande actuelle de la commission, le cursus complet, qui resterait à quatre ans pour le pneumologue dit "de base" (sans option de surspécialisation comme l’oncologie), inclurait une année de mise en responsabilité, ce qui reviendrait à contracter sur trois ans la phase initiale d’acquisition des connaissances. Il est en effet inenvisageable de proposer une mise en responsabilité avant que ces connaissances soient acquises. Ceci nous semble impossible à mettre en œuvre pour une spécialité comme la pneumologie qui est à la fois transversale, complexe et très technique. Enfin, cette proposition supprimerait toute possibilité de transversalité au cours des trois premières années de la formation, ce qui serait très dommageable à la qualité de la formation de nos futurs Collègues », souligne le Pr Thiberville.
Une maquette à cinq ans
Dans l’état actuel de la formation, le DES de pneumologie d’une durée de quatre ans est suivi, pour la quasi-totalité des internes, d’un post-internat de deux ans. « Cela leur permet de compléter leur formation au lit du malade et d’acquérir toutes les compétences nécessaires l’exercice de leur futur métier de pneumologue. Aujourd’hui, 98,5 % de nos internes font un post-internat hospitalier, ce qui montre bien son utilité, souligne le Pr Thiberville. Nous avions proposé au ministère de nous allier avec la médecine interne et les maladies infectieuses pour bâtir une maquette à 5 ans, qui nous semblait à la fois efficace et pertinente, permettant de préserver la transversalité souhaitée par la réforme et la qualité de la formation en amont de la mise en responsabilité. Mais ce projet a été refusé et on nous a demandé de réfléchir à d’autres propositions. C’est ce que nous faisons dans un esprit d’ouverture vis-à-vis du ministère. Mais il faut bien reconnaître que pour l’instant, nous n’avons pas trouvé la solution qui permettrait de bâtir une maquette avec les contraintes qui nous sont réclamées et sans toucher à la qualité de la formation de nos internes ».
D’après un entretien avec le Pr Luc Thiberville, président du Collège des Enseignants de Pneumologie (CEP), chef du service de pneumologie du CHU de Rouen.
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