Avant même la présentation, lundi dernier, du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui prévoit un cadre pour la quatrième année d'internat de médecine générale promise par Emmanuel Macron, le président du groupe Les Républicains au Sénat s’était déjà engouffré dans la brèche. Dans une proposition de loi, qui sera examinée en séance publique le 18 octobre, Bruno Retailleau - accompagné de sénateurs LR dont la présidente de la commission des Affaires sociales du Sénat, la Dr Catherine Deroche - propose d’ajouter une quatrième année d'internat en médecine générale, à effectuer « en priorité dans des zones sous-dotées en cabinet libéral, en maison de santé ».
Depuis plusieurs mois, la gauche comme la droite agitent cette quatrième année, vantant une solution rapide à la désertification médicale. Mais Bruno Retailleau veut cette fois-ci proposer aux carabins une formule « la plus souple possible ». Originalité de taille : le sénateur de Vendée souhaite que les internes soient payés à l’acte.
Des cours de gestion en contrepartie
Face à la situation « très préoccupante et même intenable pour les patients privés de généralistes », les sénateurs républicains veulent aller plus loin que de simples aides incitatives. Alors que la loi santé de juillet 2019 prévoyait déjà que les six derniers mois de stages s’exercent en zones sous-dotées, « elle n'a jamais été appliquée par le gouvernement », taclent les élus. La proposition de loi se veut dont « plus ambitieuse » et promet une mesure presque indolore, « sans impact sur le fonctionnement de l’hôpital ».
Selon le calcul des sénateurs, l’ajout d’une quatrième année permettrait donc de déployer 3 900 jeunes dans les territoires. « On peut également raisonnablement espérer qu'après un an d'exercice certains internes s'installeront comme médecins dans ces zones », imaginent-ils.
Lors de cette quatrième année - « professionnalisante » - les futurs généralistes pourront suivre des volets de formations à l’exercice libéral et à la gestion du cabinet, imagine le patron des sénateurs LR. « L'absence des sujets liés au fonctionnement d'un cabinet médical lors du cursus universitaire explique, trop souvent, les craintes des jeunes médecins à s'installer, préférant multiplier les remplacements », pense-t-il encore.
Les jeunes sont contre
Si les jeunes sont effectivement en demande de formation en management et gestion du cabinet, ils sont toutefois opposés à l’introduction d’une quatrième année d’internat. Du moins dans ces conditions, c’est-à-dire avec une obligation de stage en zones sous-denses. L'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) et l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) mettent en garde depuis plusieurs mois sur cette mesure qui, prise sans concertation, serait néfaste pour la formation des futurs médecins de famille.
Nul doute que cette énième proposition de loi suscitera de nouveaux débats le 3 octobre prochain, lors d’un colloque organisé sur l’accès aux soins par ces jeunes confrères. En amont de la rencontre, l’Isnar-IMG, l’Anemf et le syndicat de jeunes généralistes Reagjir tiennent de nouveau à alerter : « Forcer l’installation ne résoudra rien, et risque de diminuer l’attractivité de la médecine générale pour les installés de demain, accentuant davantage les inégalités de territoires. »
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