Qui regrettera les épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) qui doivent disparaître en 2023 ? Pas grand monde, ni parmi les étudiants, ni parmi les enseignants.
Et même ceux qui ont passé cette épreuve avec succès se montrent souvent les plus critiques sur ces ECN, sésame vers l'internat et les choix de carrière. Cyrille et Marie en font partie : le premier, jeune radiologue, qui se destine à un cursus universitaire, a connu la formule initiale, au format rédactionnel. La seconde, future pédopsychiatre, actuellement en sixième semestre d’internat à l’hôpital parisien Robert Debré, s’est présentée il y a trois ans aux ECNI. « Je n’ai pas adhéré à la formule, pensée dans une logique industrielle que je n’aimais pas, car finalement peu représentative du parcours du patient », confie Marie Bringer. « Avec ce système, les étudiants ont perdu tout raisonnement médical, capables de répondre à des questions ultra-pointues sur une maladie rare, mais incapables de prendre en charge une vraie situation clinique », abonde Cyrille Mallet.
Place aux EDN et aux ECOS !
Forts de cette expérience, les deux jeunes médecins se sont associés avec un pharmacien, un ingénieur informatique et un marketeur pour fonder, il y a deux ans, une start-up entièrement dédiée à la préparation en ligne du concours.
Baptisée WINmed*, la petite structure compte déjà 700 étudiants inscrits et ambitionne de bousculer le marché des préparations à l’internat en proposant des simulations virtuelles adaptées au nouvel examen. « La nouvelle procédure est très adaptée à l’objectif de mieux former les étudiants à devenir médecin. On ne pourra plus être interne sans des acquis cliniques indispensables », observe Marie Bringer. « C’est une formule complètement inédite qui va être mise en place, avec une nouvelle façon d’apprendre et de s’entraîner », s’enthousiasme Cyrille à propos des futures épreuves dématérialisées nationales (EDN) et surtout des ECOS (examens cliniques objectifs et structurés), qui confronteront les étudiants à 360 situations cliniques définies – dites situations de départ.
Des patients avatars en 3D
Winmed propose déjà des QCM et fiches concours pour la partie théorique (EDN) et se positionne désormais pour former les externes à la nouvelle épreuve clinique, via un logiciel qui fonctionne avec des avatars en 3D. « On a conçu le système de façon à démultiplier les situations cliniques, explique Cyrille Mallet. Un peu comme dans un jeu vidéo, l’étudiant pourra se mettre dans la peau du médecin, interroger son patient, l’ausculter, tester ses réflexes. »
Dans le marché florissant des préparations à l’internat, la petite structure revendique un positionnement original. Quoique non rattachée à une fac, elle s’est déjà associée avec l’école des Arts et Métiers, échange avec des doyens, travaille à des partenariats universitaires et a obtenu la bourse French tech et le soutien de la Banque publique d’investissement (BPI). Ses promoteurs assurent qu’ils seront aussi moins chers que les prix pratiqués par les prépas privées…
Pour l’heure, les deux jeunes médecins ne comptent pas le temps passé dans cette entreprise. Et ils ne se sont pas (encore) rémunérés : toutes les recettes sont réinvesties dans l’outil fondateur. L’aventure de Winmed à l’assaut des ECOS ne fait, c’est vrai, que commencer. Mais ces jeunes médecins imaginent déjà que leur dispositif de préparation pourrait intéresser les étudiants en amont du concours et pourquoi pas demain certains services dans le cadre de la formation des internes ?
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