La PASS (parcours d’accès spécifique en santé) serait-elle définitivement devenue la voie royale pour accéder à la très convoitée deuxième année des études de médecine ? C’est en tout cas ce que suggèrent de nouveaux chiffres du Sies (Service des informations et des études statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) dévoilés fin novembre.
Dans ce document, consacré au parcours et à la réussite des étudiants en première année d’études de santé, le service statistique s’est employé à mesurer, sur trois ans (de 2021 à 2023), les résultats d’admission des étudiants en PASS et en L.AS au sein des filières MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie).
Les PASS réussissent deux fois mieux et redoublent moins que les L.AS
Résultats, les étudiants inscrits en PASS confirment un net avantage par rapport à leurs pairs inscrits en L.AS (Licence accès santé), la deuxième voie d’accès aux études de santé. Ainsi, en 2021, 36 % des néo-bacheliers inscrits en PASS sont parvenus à intégrer la 2e année de MMOPK, contre seulement 17 % de L.AS, soit un écart significatif de près de 20 points.
Le taux d'admission en deux ans dans ces filières reste également largement en faveur des étudiants en PASS, avec 12 % d'admis contre 6 % pour les L.AS. Il est toutefois à noter que l’écart observé en première année était moins marqué pour la cohorte 2020, en raison du faible taux de réussite des étudiants de la première promotion de PASS.
Une autre différence notable entre les deux voies d’accès apparaît également dans les taux de redoublement et d'abandon, où les étudiants en L.AS y sont plus exposés. Une fois le cap de la première année passée, les jeunes issus de L.AS redoublent plus fréquemment (9 %) leur deuxième année que ceux issus de PASS (5 %). Par ailleurs, les réorientations et abandons après la deuxième année sont plus répandus chez les L.AS (2 % contre 1 % pour les PASS), en particulier chez les étudiants inscrits en kinésithérapie, où l'écart atteint 4 points (7 % contre 3 %).
Moins de « perte de temps » qu’à l’époque de la Paces
Point positif à souligner, cependant : les réorientations « sans perte de temps » sont facilitées pour les étudiants en L.AS. En effet, un étudiant sur cinq, inscrit en L.AS en 2021 et n'ayant pas été admis en deuxième année de MMOPK après un ou deux ans, a poursuivi ses études dans une autre filière à la rentrée 2023.
À l’époque de la PACES en 2019, parmi les néo-bacheliers inscrits en première année n'ayant pas été admis en MMOPK, seuls 4 % étaient inscrits en troisième année d'une autre formation deux ans après. En 2021, ce taux est passé à 12 % pour les néo-bacheliers, avec 8 % pour ceux inscrits en PASS et 20 % pour ceux en L.AS.
Plus largement, les auteurs de cette note mettent en avant la réduction notable du taux de redoublement des étudiants issus de PASS et de L.AS qui, selon les chiffres, redoublent deux fois moins leur première année qu'avant la réforme de la PACES. En effet, deux néo-bacheliers sur cinq inscrits en PASS ou L.AS en 2021 ont été admis en deuxième année.
Cette évolution s'explique en grande partie par la réforme, qui a permis un passage plus rapide en deuxième année, avec trois quarts des bacheliers 2021 réussissant en un an, contre seulement la moitié des bacheliers en 2019. « Cette augmentation du taux de réussite en un an était un des objectifs de la réforme des études de santé ayant conduit au remplacement de la PACES par la PASS et la L.AS », se félicitent les auteurs.
Une réforme critiquée au sein même de la profession
Pour autant, la réforme du premier cycle des études de médecine suscite depuis sa mise en place en 2020 de vives critiques au sein même de la profession, qu'il s'agisse de la nature même des épreuves d'admission (notamment les décriés oraux) que des modalités de sélection des dossiers. Pour le Pr Emmanuel Chazard, enseignant en biostatistique à la faculté de Lille, « le système de stratification par mineure instauré dans la réforme PASS/L.AS a conduit à une sélection injuste ». Selon lui, « de bons étudiants sont chaque année écartés simplement parce qu'ils ont choisi des mineures populaires rapidement saturées, comme les "sciences du médicament", par exemple. À l'inverse, des candidats moins performants sont admis grâce à des choix de mineurs moins demandés ».
Résultats : de nombreux étudiants en deuxième année issus de L.AS « se retrouvent en difficulté car ils n'ont ni les bases théoriques, ni la méthode de travail. Cela conduit à des taux de redoublement et d'abandon plus élevés chez ces étudiants », pointe le praticien, co-auteur d’une étude sur la réforme du premier cycle.
En mai 2023, la Cour des comptes avait présenté un bilan mitigé de cette réforme, soulignant notamment un « taux d'échec très élevé » parmi les candidats aux études de santé. Les sages de la rue de Cambon avaient également remis en question la capacité de cette réforme à diversifier les profils, pourtant un des objectifs phares affichés par le gouvernement. Un deuxième rapport, initialement prévu pour juillet, est attendu pour 2025…
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre
À Clermont-Ferrand, un internat où « tout part en ruine »
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU