[INFOGRAPHIE] Les violences sexistes et sexuelles, monnaie courante pendant les études médicales

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Publié le 18/03/2021

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Où que l’on regarde, les constats sont tristement les mêmes. Les violences sont omniprésentes pendant les études de médecine, dans tous les cycles et sous différentes formes.

La vaste enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans les études médicales que révèle l’Anemf (Association nationale des étudiants en médecine de France), ce jeudi, vient ajouter un nouvel élément accablant à un dossier déjà bien rempli. « Nous aurions préféré ne jamais avoir à publier cette enquête. Nous aurions préféré ne jamais avoir à lire les centaines de commentaires et témoignages accablants reçus. Nous aurions préféré ne jamais ressentir cette colère et cette honte à l’égard du milieu dans lequel, nous, étudiants en médecine, évoluons au cours de nos études », écrivent les auteurs de l’enquête.

Du sexisme et du harcèlement fréquent

L’Anemf a interrogé les étudiants de premier et deuxième cycles sur les violences sexistes et sexuelles rencontrées en stage et dans la vie étudiante. Au total, 4 191 personnes ont répondu pour le premier volet et 4 436 pour le second. L’étude montre que les violences sexistes et sexuelles sont loin d’être exceptionnelles au cours des études de médecine. En effet, près de 4 étudiants sur 10 déclarent avoir eu à subir des remarques sexistes en stage (39 %) ou dans le milieu universitaire (39 %). Dans un cas comme dans l’autre, les femmes sont davantage victimes de ces agissements à l’hôpital (quatre fois plus) et à la fac (trois fois plus). Les faits de harcèlement sont aussi largement répandus avec près d’un tiers des étudiants qui rapportent en avoir été victimes en stage (30 %) comme à l’université (32 %). Des agressions sexuelles sont aussi à déplorer et celles-ci semblent être plus présentes dans le cadre universitaire (15 %), qu’en stage (5 %). Enfin les répondants ont aussi rapporté des viols, trois dans le milieu hospitalier et 119 dans celui universitaire (soit 2,7 % des sondés).

Des harceleurs différents en stage ou à l’université

Si les violences sont récurrentes quel que soit l’environnement dans lequel se trouvent les étudiants en médecine, elles ne sont pas forcément perpétrées par les mêmes personnes. En effet, en stage, 9 fois sur 10 pour les cas de harcèlement et 8 fois sur 10 pour les agressions, la violence est le fait d’un supérieur hiérarchique (PU-PH, PH, CCA, interne, chef de service). En revanche, dans la vie étudiante, si les remarques sexistes peuvent aussi émaner des enseignants (53,5 %), elles sont plus largement le fait d’autres étudiants (84,9 %). De la même manière les harceleurs sont quasiment exclusivement les autres étudiants (97 %) et plus de 9 fois sur dix ils sont les auteurs des agressions sexuelles. Par ailleurs dans la plupart des cas, les agressions (88,4 %) ou les viols (72,3 %) ont eu lieu au cours d’évènements « festifs » organisés dans le cadre étudiant tels que les soirées, les galas, les week-ends d’intégration etc.

Ces violences largement répandues dans les études médicales ont des conséquences importantes sur la vie des futurs professionnels de santé, la vie personnelle (78,4 %) mais aussi professionnelle (35 %), elles ont aussi un impact sur leur santé, notamment avec une hausse de consommation d’alcool et du tabac.

Des signalements rares et sans effet

Malgré ce constat alarmant, l’enquête révèle aussi qu’une omerta continue d’exister sur ces sujets. En effet que ce soit pour les violences ayant eu lieu en stage ou à l’université les signalements restent rares. Seul 1 étudiant sur 10 va faire la démarche de signaler une situation de harcèlement, cette proportion étant légèrement plus importante pour les cas d’agressions (22 % à l’hôpital, 14 % à l’université). Pourquoi les futurs professionnels restent-ils silencieux ? Que ce soit à l’hôpital ou à l’université, une partie des étudiants déclare qu’elle « n’en avait pas envie », pour les étudiants en stage, la peur des retombées joue aussi dans les cas de harcèlement (23,8 %), c’est même la raison principale du silence en cas d’agressions (33,9 %). Mais souvent, 4 étudiants sur 10 en cas de harcèlement et trois sur 10 en cas d’agression considèrent qu’un signalement ne servirait à rien.

Et malheureusement, l’expérience pour la minorité qui a décidé de parler, leur donne souvent raison. En effet, à l’hôpital comme à l’université, 1 étudiant sur 2 estime que son signalement a été inutile, une majorité juge que malgré leur démarche de dénonciation des évènements, la personne incriminée n’a pas modifié son comportement. Par ailleurs, 4 fois sur 10, les étudiants considèrent également que leurs démarches n’ont pas été soutenues par la communauté universitaire, « par banalisation de l’événement, en le réduisant au silence ou en défendant l’agresseur ou le harceleur ».
Pour l’Anemf, il est donc aujourd’hui plus que temps que « la peur change de camp ». « L’omerta doit se briser, la tolérance 0 doit être appliquée et les agissements doivent cesser ». 



Source : lequotidiendumedecin.fr