Il y a un peu plus de deux ans, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) révélait dans une enquête que les violences sexistes et sexuelles (VSS) étaient omniprésentes pendant les études de médecine.
30 % des étudiants déclaraient ainsi avoir déjà été victimes de harcèlement et 15 % avoir déjà subi une agression sexuelle. L’enquête montrait aussi qu’ils étaient très peu à signaler ces violences et que les dispositifs de signalements et les cellules d’écoute et d’accompagnement étaient largement méconnus des étudiants.
À l’époque, l’Anemf avait porté des propositions pour faire changer les choses notamment pour former les encadrants et enseignants, faciliter les modalités de signalement, améliorer l’accompagnement des victimes ou encore sanctionner les terrains de stages où ont lieu des VSS. L’association s’était aussi engagée à rédiger un guide de lutte contre les VSS.
Réalisé en collaboration avec la conférence permanente des chargé.e.s de mission Égalité-Diversité (CPED), l’Anemf vient de publier ce guide accessible et téléchargeable par tous sur leur site internet.
Mises en situation illustrée
Ce document se compose de trois parties. La première veut donner des clés pour identifier les situations de violences sexistes et sexuelles. Il donne d’abord les définitions et le cadre légal. Un point est également fait sur le consentement. Enfin, à travers des mises en situation illustrées par la dessinatrice Laetitia Aynié, il aide aussi à identifier ces violences en stage par exemple.
« Nous voulions apporter un éclairage sur la culture du viol et particulièrement sa singularité au sein des études de médecine qui tourne autour d’un esprit carabin qui banalise et parfois même encourage ces violences », souligne Chloé Hardt, vice-présidente de l’Anemf chargée des luttes contre les discriminations.
Pour chaque situation, après la première illustration qui met en scène une violence, une deuxième version présente une « alternative saine ».
La deuxième partie du guide propose des pistes pour savoir que faire en face de VSS. « L’objectif est de permettre à la personne en tant que victime ou témoin d’assurer sa propre sécurité et celle d’autrui dans l’immédiat puis de bénéficier d’un accompagnement ou d’en proposer un avec l’accord de la victime », détaille Chloé Hardt. Deux mises en situation ont donc été élaborées dans le guide, en y accédant via un QR code, le lecteur se retrouve face à des choix et à la fin des conseils sont donnés pour mettre en pratique ce qu’il a pu apprendre.
Cette deuxième partie intègre également une cartographie des dispositifs de signalement et des cellules d’écoute.
Quelle procédure pour quel auteur ?
Enfin la troisième partie du guide concerne les procédures : pénales, disciplinaires et ordinales.
« C’était un gros défi pour nous car nous avions peu d’informations sur les procédures disciplinaires. Elles sont très complexes et dépendent du statut de l’auteur de la VSS. Selon qu’il est hospitalo-universitaire ou praticien hospitalier, il ne sera pas poursuivi par la même instance », explique notamment Chiara Bretelle, vice-présidente de l’Anemf, chargée de la qualité de vie des étudiants.
Cette partie recense donc tous les acteurs, tous les moyens pour mettre en place des procédures qui peuvent aboutir à une sanction de l’auteur.
L’objectif premier avec ce guide est de le diffuser le plus massivement possible auprès des étudiants et étudiantes.
Pour ce faire, l’Anemf a notamment répondu à un appel à projets du ministère de l’Enseignement supérieur qui permettrait l’impression du guide en 15 000 exemplaires. En attendant, la CPED va d’ores et déjà faire en sorte que deux guides soient mis à disposition dans chaque bibliothèque universitaire sur les campus Santé.
L’Anemf a aussi pour ambition de réaliser des amphithéâtres de sensibilisation dans chaque UFR de médecine, si possible à la rentrée.
L’association veut aussi s’assurer de l’accessibilité à la médecine du travail pour les étudiants et étudiantes et de la présence d’un dispositif de signalement connu et efficace dans chaque hôpital.
La sensibilisation sur la question des VSS et sur les dispositifs existants permettra aussi de réaliser une actualisation de l’enquête menée en 2021.
« On attend beaucoup de ce guide pour améliorer la situation. Il faut donc attendre qu’il fasse effet, qu’il se diffuse pour récolter de nouveaux résultats », souligne Chloé Hardt. « Dans l’enquête 2021, on ne pouvait pas dire si les dispositifs fonctionnent car les étudiants ne les connaissent pas », ajoute Chiara Bretelle.
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