Explorer les régions françaises en van et s’arrêter dans des zones fragiles pour effectuer des remplacements pendant un an. C’est l’ambitieux défi que se sont lancés la Dr Anaïs Werestchack, généraliste remplaçante (et Miss Auvergne 2021) avec son compagnon Brice Philippon, kinésithérapeute.
En octobre dernier, après avoir terminé son internat en Polynésie française, la jeune généraliste – tout juste thésée – rentre au bercail avec son conjoint, des souvenirs plein la tête et de nouvelles envies. « Nous avons eu la chance de pas mal voyager ces dernières années. Pour notre retour, nous voulions un projet qui fasse sens, raconte-t-elle. On s’est dit pourquoi pas allier passion et vocation en allant découvrir les merveilles qu’il y a juste à côté de chez nous ? »
« On teste la gastronomie locale, on visite, on fait de la randonnée »
C’est ainsi, qu’à partir de janvier, le jeune couple d’auvergnats se retrouve à sillonner les routes de l’Hexagone dans un van aménagé pour l’occasion. L’idée : rester environ un mois dans chaque région – en privilégiant les zones sous-dotées – pour effectuer deux voire trois semaines de remplacements par mois. « La plupart du temps, on vient prêter main-forte à des collègues dans le besoin. Il s’agit le plus souvent de remplacements de médecins qui partent en vacances ou pour des congés maternité », explique la Dr Anaïs Werestchack.
Le temps restant, les amoureux le consacrent à la découverte du patrimoine. « On teste la gastronomie locale, on visite, on fait de la randonnée », explique-t-elle. Un rythme de travail raisonnable qui leur permet de subvenir à leurs besoins. « C’est sûr qu’en travaillant seulement quelques semaines par mois, ce n’est pas très intéressant financièrement. Mais ça nous suffit pour vivre et puis on ne fait pas ça pour l’argent, c’est une expérience humaine avant tout ! », confie la jeune généraliste.
Se serrer les coudes entre soignants et patients
Derrière ce projet singulier, se cache la volonté de sensibiliser les patients au bon usage du système de santé. « Que ce soit sur le terrain ou sur mes réseaux sociaux, j’essaie vraiment de faire de la pédagogie auprès du public, il me semble primordial de leur faire comprendre l’importance d’honorer ses rendez-vous, glisse la généraliste. Certes, la population française n’est pas responsable de l’état actuel de la démographie médicale mais il faut qu’on se serre les coudes entre patients et soignants ».
Car dans certains territoires, comme la Drôme, les délais pour obtenir un rendez-vous médical sont particulièrement longs, « jusqu’à deux voire trois mois d’attente », atteste la généraliste. « Mais à côté de ça, on a quotidiennement des patients qui posent des lapins, déplore-t-elle. Ces agissements ont de réelles répercussions sur le collectif, les gens doivent s’en rendre compte ! »
La jeune généraliste ne souhaite pas pour autant « dramatiser » la situation. « Certains jeunes médecins sortis d’études peuvent être effrayés à l’idée de venir s’installer dans des secteurs un peu isolés. Mais en effectuant des remplacements, on se rend vite compte que les médecins qui exercent en zone sous-dotée s’en sortent très bien, qu’ils ont des cabinets super bien équipés, que l’entraide entre les confrères et les spécialistes est très forte et que ces territoires offrent une très belle qualité de vie ! »
Obstacles
Si, avec ce tour de France des remplas, les tourtereaux espèrent « donner envie à d’autres de se lancer dans l’aventure », ils tiennent aussi à informer sur les difficultés rencontrées. « Trouver des remplacements s’avère compliqué quand on est deux et qu’on ne vient pas de la région. Très souvent, tout se passe sur des groupes privés Facebook. Il n’y a aujourd’hui aucun site officiel qui répertorie l’offre et la demande », regrette la Dr Werestchack.
Pour choisir le bon remplacement, il faut s’armer de patience et être organisé. « Afin de choisir en toute connaissance de cause, je tiens des tableaux Excel pour savoir combien est la rétrocession, le nombre de patients que j’aurai à voir par jour, s’il y a des visites à domicile, un secrétariat et quel est le logiciel utilisé », liste la généraliste, pragmatique.
Pour la praticienne, cette période d’un an est aussi l’occasion d’affiner son projet d’installation. « C’est une opportunité pour moi et Brice de diversifier nos expériences, de voir comment nos confrères travaillent, de tester divers logiciels et organisations pour déterminer ce qui nous plaît. C’est aussi un moyen de découvrir de nouvelles régions pour une éventuelle future installation. Qui sait ? On aura peut-être un coup de cœur ! »
Mais il faudra attendre un peu avant de voir ces deux jeunes assoiffés d’aventures poser leurs bagages. « Nous avons beaucoup de projets en tête, on aimerait notamment faire de l’humanitaire en 2025 ». Une chose est sûre, à terme, le couple s’installera en zone rurale. « C’est un exercice qui correspond tout à fait à notre mode de vie, conclut l’omnipraticienne, on trouve la patientèle beaucoup plus agréable qu’en ville. »
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