Si la profession ne semble pas favorable aujourd'hui à l'allongement de l'internat de médecine générale, comme l'ont montré les résultats de notre enquête, les discussions sur le sujet, entamées il y a dix ans, se poursuivent.
Le Syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg) espère toujours la création d'une 4e année de DES de la spécialité, comme l'a rappelé son président lors d'une table ronde organisée par Le Généraliste lors du Congrès de la médecine générale France.
« Il est difficile de se positionner sur le DES en 4 ans sans connaître son contenu, qui est toujours en discussion », a déclaré le Dr Anas Taha, invité à commenter les chiffres de notre enquête qui montre que 62,5 % des généralistes et 77,3 % des étudiants et internes sont opposés à un allongement de l'internat de médecine générale.
Le patron du Snemg a réaffirmé son attachement à une 4e année professionnalisante réalisée en ambulatoire. Il a formulé une nouvelle proposition : que les internes en apprentissage au cabinet pendant cette 4e année puissent « garder tout ou partie de leurs honoraires ».
Pas un SASPAS bis !
« Nous ne proposons pas du tout dans un SASPAS bis où l'interne exercerait sous la supervision d'un maître de stage. On serait ici dans une réelle autonomie », a ajouté le Dr Taha, précisant que cette année permettrait de mettre le pied à l'étrier de l'interne.
Observant « le souhait des étudiants d'améliorer leur contact avec le métier », le président du Collège de la médecine générale, le Dr Paul Frappé, s'est également déclaré favorable à une 4e année d'internat professionnalisante qui « mettrait tout le monde d'accord ». Il a indiqué qu'il souhaitait qu'elle soit « souple, pour correspondre aux volontés d'exercice futur ». « Faire exercer ces internes en 4e année dans des cabinets permettrait de repousser le spectre de la coercition », a-t-il avancé. Selon lui, le futur généraliste devrait passer sa thèse avant la fin de la 3e année d'internat afin d'être libéré de cette obligation en 4e année. L'idée est de permettre, lors de cette année complémentaire, de familiariser le futur généraliste à la gestion du cabinet, très peu ou pas enseignée pendant le cursus.
Un nouveau statut nécessaire pour cette année de séniorisation
Voulant rassurer la jeune génération qui redoute que l'allongement du cursus coïncide avec une « année d'exploitation supplémentaire » à l'hôpital, le Pr Jean Sibilia, président de la Conférence des doyens, a quant à lui affirmé que cette éventuelle 4e année d'internat pourrait se tenir en dehors de l'hôpital « avec des modes d’exercices plus originaux, ville-hôpital, médico-social, etc ».
Si elle venait à voir le jour, cette évolution nécessiterait de changer le statut des internes en fin de cursus. A ce sujet, Lucie Garcin, présidente de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) a souligné que le statut en discussion de Docteur Junior, tel qu'il existe, n'était pas adapté pour la médecine générale. « Sur la question du statut, l'Isnar-IMG va proposer un modèle, pour la responsabilité et la rémunération, le sujet est en discussion », a-t-elle déclaré.
« Aucun interne ne veut se rajouter une année supplémentaire pour faire du remplacement déguisé mais pour améliorer sa formation et être plus prêt à s’installer », a-t-elle ajouté.
La chef de file des internes nous a expliqué, dans une vidéo, pourquoi selon elle, du fait du nombre insuffisant de maîtres de stage et de terrain de stage, les conditions ne sont aujourd'hui pas remplies pour mettre en place une 4e année de DES.
#CMGF2019 @grn_lucie, présidente de l’@ISNARIMG, qui participera cet AM à 14h30 à la table ronde "DES de #médecinegénérale en 4 ans, coquetterie, ou nécessité ?" (salle 241), animée par Le Géné, estime que les conditions ne sont pas réunies pour un allongement de l’internat. pic.twitter.com/25cGxlt2P6
— Le Généraliste (@LeGene_hebdo) April 5, 2019
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