Y aura-t-il davantage de jeunes demain en formation au sein des établissements d’hospitalisation à domicile (HAD) ? L’Intersyndicale nationale des internes (Isni), l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) viennent de signer en ce sens avec la Fnehad une convention nationale qui vise à accroître et améliorer l’accueil des étudiants et des internes au sein de ces établissements d’HAD.
Alors que ce mode d’exercice reste méconnu, l’objectif est clairement de proposer « de nouveaux terrains de stage, à la fois qualitatifs et formateurs pour la carrière des futurs jeunes médecins », expliquent les syndicats signataires. « Les jeunes ont un appétit pour la HAD, osons ce terrain de tous les possibles ! », claironne la Dr Elisabeth Hubert, présidente de la Fnehad et ancienne ministre.
Cette convention nationale s’adresse à toutes les spécialités, sauf la psychiatrie. Avec 280 établissements (dont 40 % relèvent du public), l’HAD est un secteur en expansion à l’heure où le gouvernement mise sur le domicile. « L’HAD est une modalité de soins qui allie complexité clinique, coordination interdisciplinaire et diversité des pathologies. Pour les internes, c’est l’opportunité d’apprendre dans un environnement à la fois stimulant, responsabilisant et proche du domicile des patients », insistent les parties signataires de la convention. « Choisir l’HAD, c’est choisir de devenir un médecin complet », ajoutent-ils.
L’hôpital public ne pourra pas accueillir tous les internes. Il faut ouvrir des terrains de stage vers l’ambulatoire et l’HAD
Killian L’Helgouarc’h, président de l’Isni
Aujourd’hui, les possibilités de stage au sein de structures HAD naissent uniquement d’initiatives locales mais tout reste à faire pour structurer cette formation. « Depuis plusieurs années, des établissements d’HAD ont commencé à accueillir des étudiants sur la base d’accords locaux, grâce à l’engagement des associations d’étudiantes qui ont réussi à pousser les portes universitaires », contextualise la Dr Élisabeth Hubert. De fait, sur le terrain, très peu d’externes ont la possibilité de faire un stage en HAD. Les internes sont un peu plus nombreux – une dizaine par faculté – soit pour six mois de stage, soit trois mois couplé à un autre stage.
D’où l’idée de changer de braquet, à la faveur de l’arrivée de nouveaux internes et docteurs juniors (en fin d’internat de médecine générale) dans les prochaines années. « L’hôpital public ne pourra pas accueillir tous les internes demain. Il faut ouvrir les terrains de stage vers l’ambulatoire et vers l’HAD », insiste Killian L’Helgouarc’h, président de l’Isni.
Outre le travail en équipe, très prisé par les jeunes, s’ajoute à un enjeu clé de découverte des zones fragiles. « Les établissements d’HAD sont dans tous les territoires, et même si c’est difficile de recruter des médecins, nous arrivons quand même à le faire en HAD », confie Élisabeth Hubert. L’enjeu de cette convention entre fédérations étudiante et hospitalière est aussi de démontrer les bénéfices pédagogiques d’un stage en HAD pour les carabins. « Nous allons proposer aux étudiants une nouvelle expérience de formation afin de redonner de l’attractivité à ce mode d’exercice. Ce premier pas permet de sensibiliser les futurs médecins aux enjeux de l'hospitalisation à domicile, par la découverte du fonctionnement de ces structures de soins », expose Lucas Poittevin, président de l’Anemf.
Des freins devront être levés. Aujourd’hui, toutes les structures HAD ne sont pas habilitées pour recevoir des étudiants. Par exemple, un petit établissement avec un seul praticien surchargé n’est pas en capacité de recevoir un stagiaire, ce qui suppose de sanctuariser un temps médical suffisant pour accueillir les jeunes. En pratique, un généraliste qui travaille avec une structure d’HAD peut demander à son interne d’aller en hospitalisation à domicile un jour par semaine ou une semaine complète durant tout son stage… D’où l’idée de construire demain un cadre plus structuré et un plan pédagogique personnalisé. La présidente de la Fnehad se félicite que la nouvelle présidente de la conférence des doyens, la Pr Isabelle Laffont, « soit facilitatrice en HAD », contrairement à certains de ses prédécesseurs.
Les parties signataires affichent leur enthousiasme. « Cette charte, c’est aussi un point de départ et elle tombe à point nommé, se félicite Bastien Bailleul, président de l’Isnar-MG. Nous sommes en train de vivre une réforme complète avec l’allongement de notre maquette et la libération d’un stage libre qui a vocation à compléter notre projet pour s’ouvrir vers d’autres spécialités et exercices. L’HAD est un levier concret pour former autrement et soigner autrement. »
Nous voulons être dans une démarche qui respecte la formation
Dr Élisabeth Hubert, présidente de la Fnehad
« Notre convention réclame un cadre exigeant », admet la Dr Élisabeth Hubert, qui mentionne les futures obligations du côté des établissements d’HAD en matière de conditions d’accueil, de locaux, de suivi et de formation. « Nous voulons être dans une démarche qui respecte la formation », insiste la présidente de la Fnehad. De nouveaux terrains de stage « HAD » seront certifiés progressivement en lien avec les associations d’étudiants. Parmi les obligations qui incomberont aux maîtres de stage, trois entretiens obligatoires, un au début du stage pour les objectifs, un au milieu pour faire une mise au point et un à la fin pour le bilan.
Assistant ambulatoire, stages dans les déserts, « engagement territorial » : les jeunes médecins dégainent leur arsenal anti-coercition
Les MSU, acteurs clés de l’encadrement des docteurs juniors
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !