Vous avez sûrement eu vent des désagréments subis par les internes d’Île-de-France. Si ce n’est pas le cas, je résume brièvement. à la suite de la répartition pour ce semestre, 168 postes de pédiatrie n’ont pas été pourvus par les internes de médecine générale dans les hôpitaux de la périphérie de Paris. Craignant une crise sanitaire, et sous la pression d’une vingtaine de chefs de service de pédiatrie, l’ARS a annoncé l’annulation d’une première répartition. Un nouveau choix de stages a été organisé une semaine seulement avant le début du semestre. Avec une conséquence : le nombre de stages au choix a été considérablement réduit. De 600, on est passé à 492 postes pour 462 internes. Cette baisse est drastique, mais aussi abusive.
Si 462 internes étaient amenés à choisir un poste, alors le nombre d’offres de stage aurait dû être d’au moins 495. Un arrêté du 20 février 2015 fixe en effet un taux d’inadéquation minimal pour les choix de postes semestriels des internes de médecine. Il spécifie que « le nombre de postes mis au choix des internes de la spécialité est au moins égal à 107 % du nombre des internes de l’interrégion ».
Le plus choquant dans cette histoire, c’est l’hypocrisie de la justification donnée pour annuler la première répartition. Le risque de crise sanitaire dénoncé par les chefs de service de pédiatrie n’était pas un motif juridiquement valable pour contraindre les internes à refaire leur choix. Ce d’autant plus à une semaine de leur prise de fonctions. L’ARS a donc déniché un “vice de forme”. Elle a constaté qu’une interne ayant déjà validé ses six semestres avait choisi avant les autres un stage dans le cadre d’une formation complémentaire. Perte d’équité, procédure caduque et on recommence tout. Peu convaincant, surtout quand on a l’habitude des répartitions et des petits couacs récurrents. Dans le cas présent, 267 internes ont dû changer d’affectation.
Le respect des internes bafoué
La vraie raison de cette nouvelle répartition était que plusieurs services ne pourraient fonctionner sans les internes. Or, on nous rabâche au cours de notre cursus qu’un service est censé pouvoir marcher sans ces étudiants en formation. Ces derniers sont travailler sous l’égide de leurs seniors mais pas les remplacer. C’est la théorie. Les services ne peuvent en vérité pas tourner sans les internes, c’est un fait. Je ne vous apprends rien. Cette crise aura eu le mérite de le montrer et de nous amener à poser la bonne question : l’interne est-il un étudiant ou un employé pas cher payé et exploité ? Il faut se mettre d’accord, et adapter ses droits et ses devoirs. S’il est un étudiant, il faudra apprendre à se passer de lui pour faire tourner un service (et à ne pas relancer de répartition de stages si des services se retrouvent dépourvus). Il sera nécessaire d’adapter son temps de travail, et de mettre un terme à ses semaines de 80 heures.
Si au contraire, l’interne est un médecin employé de l’hôpital, il faudra revaloriser son salaire et ne pas le payer moins que le SMIC horaire.
Ces évènements révèlent les failles d’un système. Le respect des jeunes médecins a été bafoué, une fois de plus. Les internes se sont mobilisés gentiment en faisant un blocus devant l’ARS lors de la nouvelle répartition. Mais que se passera-t-il le jour où, à l’échelle nationale, les étudiants qui font tourner les services en auront assez d’être piétinés ?
Aviscène, en 3e année de DES à Lille, s’est fait connaître sur la Toile grâce à ses vidéos sur Youtube dans lesquelles il dépeint avec humour son quotidien d’étudiant.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale