Ce 12 juin se tient la Journée internationale de la NASH (Non-Alcoholic SteatoHepatitis), qui est le stade avancé de la stéatose hépatique non alcoolique, dite NAFLD (Non Alcoholic Fatty Liver Disease). « La NAFLD est fréquente mais aussi plus grave chez les patients diabétiques et présente des particularités dans la présentation clinique chez ces patients », indique le Pr Jean-Michel Petit, diabétologue au CHU de Dijon, qui souhaite sensibiliser au dépistage de la NAFLD dans cette population pour une meilleure prise en charge.
Selon une méta-analyse de 2019, la prévalence de la NAFLD chez les patients atteints de diabète de type 2 est plus de deux fois plus élevée que dans la population générale. La prévalence de la NAFLD est de 55 % chez les diabétiques de type 2 dans le monde. L'étude met aussi en évidence les différences entre continents : l'Europe a la prévalence la plus élevée avec 68 %, alors qu'en Afrique, la prévalence y est de 30,4 %.
13 % des diabétiques ont une fibrose avancée
En France, une étude de 2017 montre que, parmi 669 patients diabétiques de type 2, 12,7 % (85) avaient une fibrose avancée, avec une élastométrie supérieure à 8 kPa au Fibroscan. Une biopsie hépatique a été réalisée chez la moitié de ces 47 patients : 51 % avaient une fibrose sévère et huit une cirrhose. « Cette étude est le reflet de ce que l'on observe en médecine générale, souligne le Pr Petit. On voit que cette maladie n'est pas anodine et concerne beaucoup de patients diabétiques. »
Concernant la mortalité, peu d'études se sont penchées sur la question, constate le diabétologue. Néanmoins, « une étude italienne datant de 1999 menée auprès de plus de 7 000 patients diabétiques suivis pendant 5 ans montre que la mortalité par cirrhose est 2,5 fois plus importante dans cette population diabétique que dans la population générale », rapporte le Pr Petit.
Pour le diabétologue, ces constats soulignent l'importance du dépistage de la NAFLD chez les patients diabétiques. Il appelle ainsi à une meilleure formation à la fois des médecins généralistes et des diabétologues sur la NAFLD et les différents tests de dépistage pour améliorer le parcours de soins des patients.
Des patients moins bons répondeurs à la perte de poids
D'autant que la NAFLD présente des spécificités chez les diabétiques. « Les personnes diabétiques ont en général deux fois plus de graisses dans le foie que les non-diabétiques pour un taux de transaminases similaires. En cas de diabète de type 2, le taux de transaminases sous-estime donc le niveau de stéatose, explique le Pr Petit. Le dosage des transaminases n'est ainsi pas un examen suffisant pour dépister une stéatose. »
Le diabétologue note également que les patients diabétiques sont moins bons répondeurs à la perte de poids, mesure hygiénodiététique majeure dans la prise en charge des patients NAFLD. Une étude de 2015 montre en effet qu'une perte du poids du corps de 7 à 10 % n'entraîne une amélioration des paramètres histologiques que chez 25 % des patients diabétiques NAFLD contre 100 % des patients non diabétiques. La perte de poids doit être d'au moins 10 % pour une amélioration chez tous les patients diabétiques.
D'après une webconférence de presse du 2 juin organisée par les associations de patients SOS Hépatites et le CNAO (Collectif national des associations d’obèses), avec le soutien du laboratoire Intercept