Le pansement TLC-NOSF intégré aux recommandations

Publié le 22/03/2022
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Les pansements font partie de la prise en charge du pied diabétique, et ils sont nombreux sur le marché. En 2012, les experts indépendants de l’International working group on diabetic foot (IWGDF) n’en avaient recommandé aucun en particulier, outre ceux capables de « maintenir un environnement humide ». Cette position a évolué en 2020, à l’issue d’une nouvelle revue exhaustive de la littérature. Le pansement au sucrose octasulfate TLC-NOSF ([TLC] : technologie lipidocolloïde, [NOSF] : nano-oligosaccharide factor, commercialisé sous le nom d’Urgostart en France) a été le seul reconnu comme possédant un haut niveau de preuve, sur la base de l’étude Explorer (1). Il s’agit d’une matrice lipidocolloïde non adhésive, non occlusive, non adhérente à la plaie, constituée d’une trame polyester imprégnée de particules hydrocolloïdes et de sucrose octasulfate.

+ 60% de cicatrisation complète

L’étude européenne contrôlée randomisée en double aveugle Explorer a inclus 240 patients. L’objectif était de comparer l’efficacité du pansement TLC-NOSF, versus le même, imprégné de TLC, mais sans NOSF (pansement neutre, commercialisé sous le nom d’Urgotul). Les critères d’inclusion étaient l’ulcère neuro-ischémique du pied diabétique non infecté, de surface supérieure à 1 cm2.

Une cicatrisation complète a été observée à 20 semaines chez 48 % des patients ayant été traités par le pansement TLC-NOSF, comparés à 30 % des patients dans le groupe pansement neutre (IC95 [5-30]), soit la cicatrisation de 60 % de patients en plus, soit un OR ajusté de 2,6 (IC95 [1,43-4,73] ; p = 0,002). Le temps moyen de cicatrisation était réduit de 60 jours (IC95 [47-75]) dans le groupe avec le pansement TLC-NOSF. Les deux pansements présentaient des profils de tolérance similaires.

Une efficacité majorée par une prise en charge précoce

On sait que la chronicisation de la plaie augmente par elle-même la difficulté des tissus à cicatriser. L’étude Explorer confirme cette observation : le paramètre « ancienneté de la plaie » a eu un effet significatif négatif sur le taux de cicatrisation observé à la semaine 20. Plus la plaie était récente, plus l’efficacité du pansement TLC-NOSF était supérieure à celle du pansement neutre.

Une analyse théorique coût-utilité des pansements TLC-NOSF, par rapport aux pansements neutres, dans la prise en charge du pied diabétique a été faite via un modèle de microsimulation de Markov. Des données d’origines diverses (études interventionnelles et observationnelles, bases de données françaises et opinions d’experts) ont été utilisées. Selon cette analyse, la diminution du délai de cicatrisation obtenue dans le groupe du pansement TLC-NOSF permettrait au système de soin français d’économiser 35 489 € par patient diabétique sur un horizon de vie entière (40 ans), et au patient de « gagner » environ 6 mois de vie sans plaies et 2 mois de vie en bonne santé sans plaies (0,16 Qalys).

Ce pansement TLC-NOSF est, à ce jour, le seul à bénéficier d’une amélioration du service attendu de niveau III. L’agence britannique Nice a élargi ses indications à toutes les plaies du pied diabétique (neuropathique, ischémique ou neuro-ischémique).

* CHU Pitié-Salpêtrière, Ap-Hp, Sorbonne Université, Paris

** CHU Rangueil, Toulouse 

(1) Edmonds M et al. The Lancet Diab & Endoc. 2018(3)6:186-96

Agnès Hartemann*, Jacques Martini**

Source : lequotidiendumedecin.fr