« 2019 était une année de suite, de fin et de transformation », pour l’Agence Nationale du développement professionnel continu (ANDPC). En effet l’année écoulée était la dernière pendant laquelle les professionnels de santé pouvaient remplir leur obligation triennale de DPC. En tout, entre 2017 et 2019, 75 499 médecins se seront inscrits à au moins une action de DPC soit 59 % de la population éligible (médecins libéraux et des centres de santé conventionnés). Cela ne veut pas forcément dire qu’ils auront rempli à leur obligation de DPC qui leur imposait de suivre deux actions de deux types différents pendant cette période.
Au cours de trois ans, l’engagement des médecins dans le DPC aura augmenté. En 2019, 101 421 inscriptions ont été enregistrées pour les médecins, pour 53 123 médecins soit 1,9 action de DPC suivie par médecins. Sur les inscrits de 2019, 25 % étaient de nouveaux engagés qui ne s’étaient jamais inscrits en 2017 ou 2018. Dans le détail, les généralistes ont été 36 841 à s’inscrire cette année, dont 21 % de nouveaux inscrits. Un engagement en constante progression depuis 2016 où ils étaient 24 571. Au total ce sont 12 270 généralistes supplémentaires qui se sont inscrits depuis 4 ans soit une augmentation de 50 %, la différence est significative avec les spécialistes pour qui l’évolution est de +7 %.
Bientôt un document de traçabilité
Pour pouvoir rendre compte de leur obligation triennale, la directrice générale de l’ANDPC, Michèle Lenoir-Salfati a indiqué ce vendredi matin que le document de traçabilité serait lancé entre mi-février et mi-mars. Il permettra aux professionnels de renseigner toutes les actions de DPC suivies. Tout ce que l’ANDPC aura directement financé sera rapatrié directement dans ce document sans que le médecin n’ait à intervenir. Il devra juste contrôler la véracité des informations et ajouter le cas échéant, les actions suivies non indemnisées par l’ANDPC.
Fin du guichet fourre-tout
Pour l’ANDPC, après la fin de ce premier cycle et suite au contrôle de la Cour des comptes qui rapportait de nombreux dysfonctionnements, principalement pour la période préalable à la création de l'Agence, le travail de transformation se poursuit. Il porte notamment sur l’offre de DPC avec des actions resserrées autour d’orientations prioritaires, publiées en août et accompagnées d’un cahier des charges précis pour chacune d’entre elles.
Pour mettre fin au modèle unique de « gros guichet », « renforcer l’efficience » et « donner du sens », l’ANDPC va aussi désormais fonctionner sur certains thèmes avec des appels à projet, des appels d’offres. En juillet dernier, suite à une saisine du ministère de la Santé, elle a notamment lancé son premier appel à projets pour construire des actions de formation sur l’interprofessionnalité. 82 organismes ont candidaté, sept ont été retenus. « Les autres n’étaient pas au niveau », souligne Michèle Lenoir-Salfati. Pour les professionnels de santé qui souhaiteraient suivre ces formations, un forfait interprofessionnel, hors quota des heures individuelles, est prévu. Trois autres appels d’offres sont prévus : un à destination des généralistes sur le repérage précoce des troubles neuro-cognitifs, un autre sur le repérage précoce des troubles du spectre de l’autisme et un troisième sur la juste prescription des antibiotiques. D’autres sur l’intelligence artificielle ou le bon usage du médicament pourraient suivre.
Mettre fin au harcèlement de certains ODPC
L’ANDPC poursuit aussi son travail plus minutieux de contrôle des ODPC. Un délai d’enregistrement va être réintroduit, tous les organismes devront donc se réenregistrer à deux-trois ans. Aujourd’hui 14 576 actions ont été soumises au contrôle de premier niveau administratif. À cette étape, 11 % n’ont pas passé le cap et ont été rejetées. Pour le deuxième niveau de contrôle, celui effectué par les commissions scientifiques indépendantes (CSI) sur le contenu scientifique et pédagogique, 2 527 évaluations ont eu lieu dont 68 % avec avis favorable, (75 % chez les médecins). Un nouveau mode de contrôle a été mis en place : le désenregistrement de certains ODPC, ceux pour lesquels la majorité des actions contrôlées ont reçu un avis défavorable. Pour l’instant, deux organismes ont déjà été désenregistrés, trois doivent passer en commission en février. Enfin les professionnels ont aussi la possibilité de signaler à l’ANDPC des problèmes, ceux-ci augmentent (2 000), mais portent assez peu sur la qualité des actions, explique Michèle Lenoir-Salfati. « Les professionnels tirent surtout la sonnette d’alarme sur des procédés de harcèlement téléphonique auxquels se livrent certains organismes ». Certains ODPC, à l’aide d’informations mensongères procèdent à des ventes forcées auprès des professionnels, des pré-inscriptions contraintes. « Désormais les ODPC n’auront plus le droit de pré-inscrire quiconque », souligne Michèle Lenoir-Salfati.
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