« La recertification va devenir une exigence sociétale ; les médecins doivent s’en saisir, et ne pas la refuser ». Depuis deux ans et la première fois que l’idée de la recertification a été mise sur le tapis, l’idée a fait son chemin du côté des syndicats et notamment pour la CSMF. Aujourd’hui le syndicat présidé par le Dr Jean-Paul Ortiz s'est déclaré favorable à ce processus qui doit permettre d’améliorer « la qualité de la prise en charge des patients », surtout à l’heure où les notes et classements se développent sur Internet, mais a posé ses conditions. « On ne va pas laisser Google s’occuper de noter les médecins sans apporter une réponse structurée », affirme le Dr Ortiz.
Le syndicat estime cependant que le terme de recertification ne convient pas. « Qui dit recertification, sous-entend que le médecin a été certifié une première fois, ce qui n’est pas le cas », souligne le Dr Ortiz. Le syndicat propose donc plusieurs pistes de nom : "certificat d’engagement de qualité et de pertinence", "évaluation de pertinence et pratiques professionnelles" ou "actualisation des compétences et pratiques".
Volontariat pour commencer
Si le syndicat est favorable pour faire avancer le dossier, pas question non plus d’aller trop vite en besogne. Selon lui, le processus de recertification ne doit pas, dans un premier temps être obligatoire pour les médecins installés, mais devra le devenir pour les jeunes générations encore en formation. Pour ce qui est du calendrier, la CSMF table d’ailleurs sur une périodicité entre cinq ans –« ce qui correspond au cycle d’évolution des connaissances » – et six ans « car cela équivaut à deux cycles d’obligation triennale du DPC », avance Jean-Paul Ortiz.
Concernant les outils permettant de réaliser cette évaluation des connaissances, au-delà de ce qui existe déjà (FMC, DPC, évaluation des pratiques professionnels…), la CMSF estime qu’il faudra y ajouter : « la participation à des réunions entre pairs », « des formations cognitives supplémentaires », ainsi que « la participation à l’enseignement, la recherche (…) ou l’activité de maître de stages ». Elle doit prendre la forme d’une démarche individuelle mais aussi d’une démarche d’équipe et le patient y a aussi une place. « La " satisfaction patient " sera un élément indispensable sous forme de critères qui définissent comment le patient perçoit la qualité de sa prise en charge », souligne le Dr Ortiz.
Créer une commission indépendante
Alors qui pour gérer le dispositif ? Le syndicat estime que les conseils nationaux professionnels (dont le Collège de la médecine générale) sont dans leur rôle pour définir « par spécialité les objectifs et les outils spécifiques permettant de garantir le processus » et que l’Université, l’ANDPC et la HAS ont également un rôle important à y jouer, aucun de ces organismes ne peut gérer le dispositif de recertification de manière globale. Et surtout pas l’Ordre des médecins : « l’Ordre tamponne tous les cinq à six ans, il n’a ni la compétence, ni la vocation à être acteur dans la gestion du processus. Il y en a marre de voir que les uns et les autres ne respectent pas leur terrain de jeu », tempête le Dr Ortiz.
Pour le syndicat, la gestion de la recertification doit « rester aux mains de la profession », c’est pourquoi la CSMF propose la « création d’une commission chargée de la recertification, qui serait donc un "tiers de confiance " ». Composée des professionnels de santé et réunissant des acteurs de chacune des institutions impliquées dans le processus. Cette commission pourrait être hébergée et accueillie au sein de la HAS.
Accès à un "secteur promotionnel" pour les recertifiés
Au niveau financement, la CSMF estime qu’une partie doit être prise en charge en partie par les pouvoirs publics, (via l’Assurance maladie, les FIR des ARS, Santé publique France, des indemnisations) et en partie par les médecins mais avec des avantages fiscaux.
Enfin ce processus ne peut être qu’une contrainte pour les médecins, elle doit leur permettre une évolution de carrière, une « valorisation ». La CSMF propose donc que l’engagement du médecin dans la recertification lui donne accès à un secteur d’exercice « valorisant le médecin », dans lequel il aurait la possibilité de pratiquer des honoraires hors tarifs conventionnels, dans une limite établie préalablement, « ce qui ressemble étrangement à l’Optam », note le Dr Ortiz.
Pour avoir une chance de réussir et de s’imposer, la recertification doit donc répondre à trois objectifs estime le président du syndicat. Le premier est la confiance, « cela ne peut pas ressembler à un contrôle administratif ou académique". La valorisation, « pour que le médecin ait un intérêt à agir il doit y trouver une juste récompense ». Et l’indépendance du processus.
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