Le contrôle qualité a permis de faire un premier ménage dans les actions de DPC

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Publié le 11/07/2018
ANDPC

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Après deux ans d’existence, l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) a présenté ce mercredi un bilan de son action. Ses deux principaux objectifs étaient de revoir le fonctionnement du financement, pour éviter les fermetures anticipées des enveloppes dévolues aux DPC des professionnels de santé, mais aussi de mettre en place une évaluation qualité de l’offre de DPC, jusqu'alors quasiment inexistante.

Sur ce point, l’année 2017 aura permis de mettre en place les contrôles a priori et a posteriori des actions de DPC et les chiffres semblent montrer qu’il y en avait effectivement besoin.

La moitié des actions retoquées en commission scientifique

Dans un premier temps, les organismes de DPC ont dû se réenregistrer. Sur les 2 572 demandes, 506 ont été rejetées. « Nous sommes très attentifs notamment à la composition du conseil scientifique ou dans leur budget aux liens avec l’industrie pharmaceutique », explique Christiane Chevillard, directrice du développement et de la qualité du DPC à l’ANDPC.

Un contrôle administratif a priori des actions de DPC a également été réalisé pour vérifier la conformité aux orientations nationales, au cadre d’exercice réglementaire des professions et pour écarter les pratiques non conventionnelles. Sur ce critère, les plus refusées ont été des actions d’hypnose (28 %), les médecines naturelles (huiles essentielles, aromathérapie… 19 %), les méthodes énergiques (réflexologie, acupression, relaxation, 10 %) et l’art-thérapie ou sociothérapie (5 %). Sur 19 045 actions de DPC proposées par les ODPC, 3 200 n’ont pas été publiées.

Enfin les commissions scientifiques indépendantes (CSI), entre mars 2017 – date de leur mise en place – et décembre, ont évalué le contenu pédagogique et scientifique de 1 772 actions et donné un avis défavorable dans près de la moitié des cas (44 %).

Certains congrès dans le viseur de l'ANDPC

Outre ce nouveau contrôle qualité par ses services, l’ANDPC a aussi demandé depuis avril aux professionnels de signaler sur un espace dédié de son site d'éventuels dysfonctionnements dans une action de DPC. Sur la cinquantaine de signalements étudiés par l’ANDPC, une tendance se dégage. « Une grande majorité concerne des actions de DPC dans le cadre de congrès, souligne Michèle Lenoir-Salfati, directrice générale de l’ANDPC. Cela concerne l’implication de l’industrie pharmaceutique, des actions qui tiennent plus de l’information que de la formation, une opacité sur le financement avec un double paiement du congrès et de l’action, sur qui organise quoi etc. » Sur ce sujet Mme Lenoir-Salfati a d’ailleurs annoncé que le comité d’éthique de l’ANDPC travaillait sur des recommandations de bonne pratique dans l’organisation des congrès.

Proposer plus d'actions sur la coordination

L’objectif désormais pour l’ANDPC est « de donner plus de sens » au développement professionnel continu. Aujourd’hui, certaines thématiques pourtant essentielles au regard de la stratégie nationale de santé sont peu proposées par les organismes. 21 % des actions publiées sont rentrées dans l’orientation nationale « amélioration de la pertinence des soins ». Mais cette catégorie fourre-tout est souvent utilisée « à mauvais escient », estime l’ANDPC. Sur demande du ministère de la santé, l’ANDPC va lancer un appel à projet pour faire naître des offres sur la coordination des soins, explique Michèle Lenoir-Salfati, ce sujet étant étonnamment absent de l’offre de DPC (voir notre vidéo).

« Sur les soins palliatifs il y a relativement peu de choses également. Idem sur la prise en charge de l’autisme ou des maladies neurodégénératives », ajoute la directrice de l'ANDPC. L'agence veut également davantage faire rentrer les patients dans les actions de DPC et souhaite mettre l’accent sur l’innovation pédagogique. « Aujourd’hui tout est payé un peu pareil, une heure est une heure. Nous lançons donc une étude de coût pour valoriser davantage une action lorsqu’elle est innovante », souligne Mme Lenoir-Salfati. 


Source : lequotidiendumedecin.fr