La nouvelle refonte institutionnelle de la FMC est visiblement encore loin de faire l'unanimité parmi les acteurs du secteur. Alors que le décret d'application de la loi de santé réformant le montage institutionnel du DPC (Développement Professionnel Continu) est attendu pour l'été, une tribune émanant de responsables universitaires a relancé la polémique la semaine passée. Dans ce texte publié le 27 mai dans Le Monde, le président de la Conférence des présidents d’université, Jean-Loup Salzmann, celui de la Conférence des doyens des facs de médecine, Jean-Luc Dubois-Rande, et une dizaine d'autres signataires déplorent que "le gouvernement s’apprête à offrir (...) les budgets de la formation continue des professionnels de santé aux officines privées de la formation médicale défendues par les syndicats libéraux." Au-delà, les auteurs laissent entendre que, dans ce contexte, tous les dérapages seraient à craindre : "certains organismes n’hésitent plus à dire qu’ils disposent d’une "grosse carotte" pour se financer. D’autres "vendent" déjà des formations « diplômantes » en dehors de toute légalité !", avancent les universitaires.
Jugeant l'université "incontournable pour participer à la formation continue des professionnels de santé", les signataires -parmi lesquels figurent les leaders des syndicats d'internes, ISNAR et ISNI et des étudiants en médecine de l'ANEMF, mais pas les généralistes enseignants du CNGE- estiment que "le décret d’application de la loi de santé qui s’apprête à être publié ne reconnaît pas l’université en tant qu’institution capable de former des professionnels de santé." Et ils assurent en substance que les facs sont les seules à pouvoir préserver "la qualité" des formations, à l‘inverse, disent-ils "de nombreux organismes que le gouvernement s’apprête à financer à hauteur de 180 millions d’euros".
Au passage, la future Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) prévue par la loi Touraine pour remplacer l'actuel OGDPC est égratignée elle aussi, du moins dans sa définition actuelle. "Nous demandons que le gouvernement reconnaisse dans les textes l’université en tant qu’institution stratégique de la formation continue des professionnels de santé et qu’il apporte de véritables garanties pour doter la future ANDPC d’un fonctionnement serein, transparent et indépendant" insiste le texte.
La mise en cause vise de manière frontale les syndicats de médecins libéraux. Et d'ailleurs, la réponse n'a pas tardé. Ainsi de la CSMF pour laquelle "l’intégrité, la transparence et l’indépendance tout à la fois de l’OGDPC, de la future ANDPC et de l’intégralité des opérateurs libéraux de DPC, particulièrement ceux issus ou soutenus par les syndicats de professionnels de santé libéraux" se trouvent suspectées. "Ce procès est totalement scandaleux", estime Jean-Paul Ortiz, qui évoque "des assertions purement diffamatoires". Reprenant les accusations de la tribune, le président de la CSMF rappelle enfin que "c’est à la future agence du DPC, à son comité d’éthique et à ses commissions de contrôles de sanctionner les organismes qui utiliseraient de "grosses carottes" pour vendre des formations diplômantes en dehors de toute légalité."
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