Les maîtres de stage universitaires (MSU) sont-ils des médecins généralistes comme les autres ?
Dr Matthieu Calafiore On peut dire, en effet, qu’ils ne sont pas vraiment comme les autres dans la mesure où, même si le métier reste le même, leur profil est marqué par une volonté d’approfondir leurs connaissances. Ceci est notamment causé par ce qu’ils demandent aux étudiants de réaliser. Ils sont par la suite « obligés » de se l’appliquer à eux-mêmes. Ils prennent plus de recul. Par exemple, quand un stagiaire
demande pourquoi nous prenons en charge le patient de cette manière et pas d’une autre, cela pousse à s’interroger sur ses propres pratiques. Ce sont aussi des médecins généralistes mieux armés contre le burn out. Ils ne sont plus tout seuls dans leur cabinet. Il y a une interaction avec les stagiaires qui les pousse à se former, à voir d’autres choses. C’est un cercle vertueux. La thèse d’une étudiante en médecine à la faculté de Brest a également montré que les MSU avaient une meilleure prise en charge de leurs patients, plus efficiente.
Qu’est-ce qui pousse les médecins généralistes à devenir maître de stage ?
Dr M. C. C’est souvent par le bouche-à-oreille que les généralistes se décident à suivre la formation. Lorsqu’ils entendent leurs confrères raconter leurs expériences et ce que cela leur a apporté, ils sont ensuite convaincus de l’aspect positif d’accueillir des internes ou des externes dans leur cabinet. Cela leur permet de se remettre en question, il y a une émulation qui est très valorisante. Le fait d’être avec quelqu’un brise la routine du cabinet et favorise l’auto-apprentissage.
Quelle est la situation aujourd’hui des maîtres de stage ?
Dr M. C. Près d’un médecin sur dix est maître de stage universitaire. Ce n’est pas beaucoup. Idéalement, il faudrait que 30 % au moins des médecins généralistes le soient. On pourrait alors s’estimer contents.
Ce serait le minimum pour être en mesure de fournir un stage à tous les internes. On a encore du chemin à faire… Il faudrait pour cela avoir les moyens de former davantage de médecins généralistes. Et c’est assez compliqué à l’heure actuelle compte tenu du nombre de jours de formation indemnisés par l’Organisme Gestionnaire du Développement Professionnel Continu (OG DPC) qui change sans arrêt. Il faut en moyenne six jours de formation pour devenir maître de stage mais l’OG DPC en indemnise tantôt quatre, tantôt deux… Ce n’est pas évident pour le généraliste de s’y retrouver. Il ne paie pas la formation mais il est indemnisé à hauteur de 15 consultations par jour de formation pour son « manque à gagner » durant son absence au cabinet.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique