Daniel Pennac ! On a tout de suite en tête la saga des Malaussène, et Belleville : le style, l’animation, les comportements déjantés des uns ou des autres. En inventant pour Benjamin Malaussène la profession de Bouc Émissaire dans un grand magasin il exprimait sa confiance en la compassion. Que veut-il dire quand il propose maintenant cette parodie des titres dont se pare le corps médical depuis le XIXe siècle ? Il joue avec le lecteur et le fait jubiler tout en l’intriguant sans cesse, comme il l’avait fait dans la saga des Malaussène. On sourit du début à la fin, le suspense est total, la fin est imprévisible.
Et pourtant quelle satire de la médecine éclatée d’aujourd’hui ! Que de dérision dans l’ambition professorale des jeunes ! Que de certitudes dans les attitudes des plus expérimentés ! La surspécialisation rend fou : elle pousse chacun à ne voir dans une personne malade que la technologie qu’il connaît ou la pratique qui l’occupe, rassuré par un titre ou des comportements professionnels stéréotypés ! La personne malade globale, aucun des médecins du roman ne la voit réellement, et symboliquement elle disparaît même de son lit. Une fois de plus, Pennac, par la dérision, critique des institutions parce qu’elles ne respectent plus assez l’individu.
Ainsi pendant un siècle, les médecins ont-ils numérisé la médecine, et négliger l’analyse fine, complète, d’une personne : ses demandes et ses opinions, sa biologie complexe, sa situation sociale, son environnement physique et humain, son éducation, ses comportements. De ces deux travers cumulés et rampants, humains d’ailleurs, est né ce remplacement de l’« ancien interne des hôpitaux de Paris » par l’« ancien malade » que l’on accompagne, ses soignants et lui, pendant soixante-deux pages déroutantes, délirantes et rafraîchissantes.
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