Le diagnostic est partagé mais la partition est « inachevée », ponctuée de « fausses notes ». Ce jeudi 15 novembre, les Généralistes-CSMF ont analysé avec fermeté les nombreuses mesures santé annoncées par le gouvernement ces derniers mois, notamment dans le plan « Ma santé 2022 ».
Si le syndicat du Dr Luc Duquesnel salue « la volonté du président de la République de décloisonner la médecine de ville et l'hôpital », deux mesures ont un goût de trop peu : les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS, dont 1 000 doivent émerger d'ici à 2022) et les assistants médicaux.
Les premières font l'objet « d'une frénésie » territoriale de la part des unions régionales de professionnels de santé (URPS) et des agences régionales de santé (ARS). Or « on a mis la charrue avant les bœufs », juge le Dr Duquesnel. « Si les CPTS sont imposées d'en haut, les généralistes ne seront pas acteurs de ces changements », met en garde le généraliste mayennais. Pour lui, c'est aux médecins de terrain d'évaluer les besoins de santé, les organisations existantes et de rédiger des projets de santé correspondant à ces besoins. Une fois les moyens financiers obtenus, ils se regroupent en société interprofessionnelle de soins ambulatoires – les fameuses SISA – pour formaliser l'exercice coordonné.
Les assistants médicaux sont, eux, « une bonne idée qui a été pervertie ». « Pour en bénéficier, il faudra exercer en groupe, en exercice coordonné et apporter un bénéfice en termes d'accès aux soins à la population. Un concept suffisamment restreint pour ne profiter qu'à une petite partie des médecins généralistes, alors que tous en ont besoin », regrette le Dr Duquesnel. Cette mesure doit être négociée l'année prochaine avec l'Assurance-maladie. Beaucoup de réponses sont attendues par les Généralistes-CSMF, notamment le plan de financement de ces personnels d'ici à trois ans, leurs missions ou encore leur formation.
50 euros pour le volet de synthèse médicale
Le dossier médical partagé (DMP), relancé en grande pompe par la CNAM la semaine dernière, ne convainc pas plus. Cet outil est certes « indispensable » pour le généraliste et le syndicat salue son retour. Mais c'est le volet de synthèse médicale qui pose problème : « document le plus important du DMP », il doit être créé par le médecin traitant. « Or la création de ce volet prend au moins 30 minutes, surtout pour un patient avec beaucoup d'antécédents, assure le Dr Luc Duquesnel. Il faut donc que ce soit rémunéré, 50 euros ! » Sauf que Nicolas Revel, directeur de l'Assurance-maladie, a pour le moment écarté toute rémunération supplémentaire.
Autre actualité, les arrêts de travail, dont le gouvernement cherche à contrôler la hausse – un rapport a été demandé à trois experts par le Premier ministre. Pour le Dr Luc Duquesnel, il s'agit d'un exemple supplémentaire de la « pression » que l'on veut faire peser sur les médecins généralistes « pour mieux encadrer la prescription de ces arrêts et en réduire le volume ». « Les principaux facteurs responsables de la hausse de ces arrêts sont l'augmentation du taux d'emploi, de la population active et l'exposition des salariés aux contraintes physiques et psychosociales. Je ne vois pas de médecin dans tout ça », tance le médecin de famille.
Quant à la recertification, également l'objet d'un rapport, le syndicat ne s'y oppose pas mais demande qu’elle ne soit pas chronophage et surtout que les crédits alloués à la formation ne soient pas réduits « année après année » par l'État. « Le rapport sur la recertification préconise 15 à 30 jours de formation par an, mais le développement professionnel continu a été réduit à 21 heures annuelles. Il faudrait plutôt se situer autour de 40 heures ! », plaide le Dr Luc Duquesnel.
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