La photographie de la profession que l’Ordre livre chaque année dans son atlas de la démographie médicale fourmille de paradoxes. Au 1er janvier 2015, la France comptait 281 087 médecins libéraux ou salariés, actifs ou retraités, un chiffre en hausse de 1,7 % en un an.
Mais le nombre de praticiens en activité régulière (hors remplaçants et médecins temporairement sans activité) oscille aux alentours des 200 000 – ils étaient 198 365 début 2015 (-0,2%). Surtout, les effectifs de la médecine générale en activité libérale et mixte sont en nette baisse de 10 % depuis 2007. Les généralistes sont au nombre de 58 104 en 2015 alors qu’ils étaient 64 778 en 2007. La densité médicale de la profession chute dans toutes les régions de France sans exception ! Les projections de l’Ordre sont alarmantes. A l’horizon 2020, le bataillon des généralistes devrait se réduire encore à 54 179 praticiens. Si leurs effectifs se restreignent, le nombre des autres spécialistes médicaux et chirurgicaux continue d’augmenter lentement avec 108 577 professionnels.
Le profil des médecins évolue aussi singulièrement. La profession demeure pour quelques années encore majoritairement masculine (55 %), mais 58 % des nouveaux inscrits sont des femmes, tout comme 60 % des généralistes libéraux ou mixtes de moins de 40 ans.
Apparente abondance
Les médecins vieillissent (leur moyenne d’âge est de 51,5 ans, la médiane à 53 ans) mais ils sont de plus en plus enclins (ou contraints) à cumuler emploi et retraite. Et si l’on compte davantage de médecins, ils sont peu nombreux à vouloir exercer en libéral. Ces dernières années, la jeune génération privilégie l’exercice salarié mais, petite lueur d’espoir, 15,4 % des nouveaux médecins choisissent l’exercice libéral ou mixte lors de leur première inscription à l’Ordre contre 10 % en 2010. « Cinq ans plus tard, ils sont 40 % à s’orienter vers ce mode d’exercice », observe le CNOM. Globalement, le nombre de nouveaux inscrits est en hausse de 8,4 % par rapport à 2014.
Malgré l’apparente abondance de médecins, l’offre de soins est plus que jamais contrastée en France. La Picardie, les Basse et Haute-Normandie, les Pays-de-Loire, le Poitou-Charentes, le Centre, la Bourgogne et Champagne-Ardenne sont les régions où la densité médicale est en deçà de la moyenne nationale de 281,4 médecins pour 100 000 habitants . Depuis 2007, le nombre de généralistes a chuté dramatiquement de 25 % dans l’Yonne mais aussi... à Paris. Cette diminution est moindre dans les Bouches-du-Rhône (17 %). Selon l’Ordre, 63 départements vont voir leur densité de médecins en activité régulière diminuer d’ici à 2020. Ces projections illustrent toutes les limites des différents plans gouvernementaux pour lutter contre la désertification médicale et la nécessité, selon l’Ordre, de revoir les modalités de sélection des futurs médecins, le numerus clausus contourné de toutes parts. Pas moins d’un médecin diplômé des facultés de médecine française sur 4 ne s’inscrit pas à l’Ordre pour exercer une autre profession.
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