Emmanuel Macron monte en puissance sur la santé, la protection sociale et l'accès aux soins. Cinq mois après une première rencontre à Chamonix avec la communauté médicale, l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande a consacré son week-end à préciser puis défendre ses propositions en la matière.
Vendredi, le candidat à la présidentielle s'est présenté devant les hospitaliers de Nevers (Nièvre) pour une visite de l'établissement.
#Macron fait le tour des services de l'hôpital Pierre-Beregovoy à #Nevers aux côtés du maire et de l'ancien élu François Patriat. pic.twitter.com/7WqQTHAs71
— Emilie Petit (@Em_Petit) 6 janvier 2017
Samedi, il a rencontré les médecins de la maison de santé de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier), où il a testé la téléconsultation.
Se démarquer de Fillon
Tout au long de ce déplacement, Emmanuel Macron a ajusté son programme sur la santé sans oublier de critiquer celui de François Fillon, qu'il talonne dans un récent sondage. Devant un millier de personnes, il a pris l'engagement « solennel et irréversible » de ne dérembourser aucun « soin utile » s'il est élu à la présidence de la République. « Je n'ai trouvé personne pour m'expliquer ce qu'étaient un grand rhume et un petit rhume », a-t-il ironisé en meeting à Nevers, en référence à la distinction controversée entre « gros risque » et « petit risque » de François Fillon.
Emmanuel Macron a estimé également que la suppression de l'aide médicale d'État (AME) est un projet « radical » et « dangereux ».
Favorable à une politique de prévention renforcée, le candidat à l'Élysée milite pour la création d'un service sanitaire de trois mois pour les « étudiants en santé » dans les écoles et les entreprises « pour faire du dépistage, de la prévention et de la sensibilisation ». À terme, « plus de 40 000 étudiants en santé viendront épauler les associations, les infirmières scolaires et les services de santé au travail », insiste-t-il.
Lunettes et prothèses 100 % remboursées
Au chapitre de l'assurance-maladie, il défend une prise en charge à 100 % d'ici à 2022 des lunettes, prothèses dentaires et auditives. « La situation qui prévaut aujourd’hui, avec des prix très élevés pour ces prestations, est trompeuse car l'assurance-maladie rembourse très mal ces domaines, décrit-il. Ainsi, le tarif dit de responsabilité de l'assurance-maladie est de 7,42 euros. C'est peu, pour se rembourser une monture et des verres correcteurs dont le prix de vente moyen est de 299 euros. »
Autre proposition : les 50 000 patients souffrant d'hypertension artérielle sévère pourront être couverts à 100 % par l'assurance-maladie. C'était le cas avant 2011, « jusqu'à ce qu'un décret signé par François Fillon, contre l'avis unanime de la communauté médicale, ne les prive de cette couverture justifiée ». Emmanuel Macron juge que cette mesure coûterait « moins de 20 millions d'euros chaque année ».
Maisons de santé, de répit et de suivi
Côté accès aux soins, Emmanuel Macron veut « doubler » les maisons de santé avant 2022. Il affirme aussi sa volonté d'« évaluer » la réforme du tiers payant, sans plus de précision.
Pour décharger l'hôpital public et les urgences, des « maisons de répit » et des « centres de soins de suivi » pourront être créés.
Pour « lutter contre le gâchis », Emmanuel Macron veut généraliser la vente de médicaments à l'unité. Une idée qui ne fait pas l'unanimité chez les pharmaciens.
L'ironie de Touraine
Moins mordante qu'à l'encontre de François Fillon, Marisol Touraine a réagi en direct à plusieurs propositions de l'ancien protégé de François Hollande par une série de tweets aigres-doux. Histoire de mettre en avant son propre bilan.
Donc, cher @EmmanuelMacron, tu proposes x2 en 5 ans ? On vient de faire x10 en 5 ans. Pourquoi ralentir la dynamique ? #skyisthelimit https://t.co/Va0eAtFgCo
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 6 janvier 2017
.@EmmanuelMacron L'objectif est déjà fixé, cher Emmanuel ! Mais tu es le bienvenu. Je n'ai demandé aucun copyright sur cette belle ambition pic.twitter.com/ROqeJU5nUq
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 6 janvier 2017
Pour info, cher @EmmanuelMacron, les Français, eux, ont déjà évalué : 73% sont hostiles à sa suppression...! https://t.co/FpK8ybnLyi
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 6 janvier 2017
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