Et si l'avenir du système de santé français se jouait un peu partout en Europe ?
L'association des Laboratoires internationaux de recherche (LIR), think tank de grands groupes de recherche en santé, dont l'objectif est de défendre l'innovation et la compétitivité en santé, a recensé plusieurs pistes de réformes mises en œuvre avec succès à l'étranger et susceptibles d'être opportunément reprises en France. « Nous souhaitons être des agitateurs d'idées, faire partie de la solution et non du problème », résume Jean-François Brochard, président du LIR.
Ces pistes, qui visent à renforcer l’accès aux soins tout en maîtrisant les coûts concernent tout autant l'organisation des soins, l'évolution des métiers ou le financement de la protection sociale.
Comme chez nos voisins allemands, le LIR suggère d'augmenter le ticket modérateur sur une série de soins et de services à plus faible utilité médicale comme les transports non urgents, certains soins de kinésithérapie ou les soins prothétiques dentaires.
Autre inspiration d'Outre-Rhin à forte portée symbolique, le think tank préconise de rendre gratuite la consultation chez le médecin traitant (sauf pour la première consultation) en révisant les participations financières à l'hôpital. En Allemagne, les assurés s'acquittent d'une franchise de dix euros par trimestre, quelle que soit la fréquence des consultations médicales. L'objectif est, selon l'association, de réduire le recours hospitalier, de responsabiliser et d'inciter les patients à consulter prioritairement leur médecin traitant. L'application de cette double mesure aurait un coût brut de deux milliards d'euros pour l'ensemble des régimes de l'assurance-maladie française. « Il sera compensé par l’évolution des tickets modérateurs pour les autres soins, croit savoir le LIR. Par ailleurs, des économies nettes peuvent être espérées grâce aux changements de recours aux soins. »
De nouveaux marqueurs qualité
S'inspirant de la Suède, qui mesure la qualité des soins à l'hôpital, le LIR propose de mettre en place 20 indicateurs clés sur la prise en charge des maladies chroniques au niveau territorial. Cette disposition permettrait de mieux maîtriser les dépenses liées aux pathologies chroniques, estime le think tank.
Le système suédois a également développé les cliniques gérées par des médecins qui pratiquent des actes non hospitaliers. La médecine générale peut ainsi prendre en charge des soins urgents en période saisonnière virale, comme dans le cas de la grippe. En France, cette organisation nécessiterait notamment la mise en place d'une régulation téléphonique, une réduction du personnel dans les services d'urgences et une augmentation de l'activité et de la rémunération des médecins généralistes. Ce new deal permettrait une économie de 280 millions d'euros sur les hospitalisations, estime le LIR.
L'accent sur la coopération
Le think tank veut également inciter financièrement et significativement les coopérations entre médecins et paramédicaux comme cela se fait au Royaume-Uni, où les infirmiers ont un rôle important d'accompagnement du patient dans le parcours de soins, ou pour le retour à domicile après un passage à l'hôpital.
Le LIR propose même la création de « l'assistant infirmier en médecine générale ». Cette nouvelle profession de santé permettrait d'augmenter « la valeur ajoutée de l'acte de médecine générale, d'optimiser le temps de consultation ». La prise en charge serait plus rapide et mieux coordonnée. Coût de la mesure : 275 millions d'euros pour une application à la moitié des médecins, à raison d'une enveloppe annuelle de 10 000 euros chacun.
Parmi les autres usages répandus à l'étranger et cités par le LIR, on retrouve l'ouverture du service public hospitalier aux établissements privés pratiquée en Suède, le développement de l'automédication (comme aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni), ou encore l'usage de la télémédecine par de nombreux hôpitaux, pour des consultations ou pour des interventions chirurgicales comme c'est le cas au Québec.
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