Le Dr Yves de Locht, généraliste à Bruxelles, pratique des euthanasies depuis 2008 dans le cadre de la loi belge. De nombreux patients français le contactent pour mettre fin à leurs souffrances par ce moyen. Pourquoi et comment le médecin belge accède-t-il à ces requêtes ? Le Dr de Locht répondra à vos questions sur le sujet au cours d’un Live chat sur lequotidiendumedecin.fr.
Journaliste QDM (SL)
Bonjour à toutes et à tous.
Nous accueillons le Dr Yves de Locht, médecin généraliste à Bruxelles, en Belgique. Le Dr de Locht pratique des euthanasies depuis 2008 dans le cadre de la loi belge. Pourquoi et comment le médecin accède-t-il aux requêtes de ses patients ? Le Dr de Locht partagera ses réflexions et son expérience pendant près d’une heure au cours de ce Live chat. Il vient d'arriver dans nos locaux, accueilli par Jean Paillard, directeur de la rédaction, et Coline Garré, journaliste spécialiste des questions d'éthique.
Nous accueillons le Dr Yves de Locht, médecin généraliste à Bruxelles, en Belgique. Le Dr de Locht pratique des euthanasies depuis 2008 dans le cadre de la loi belge. Pourquoi et comment le médecin accède-t-il aux requêtes de ses patients ? Le Dr de Locht partagera ses réflexions et son expérience pendant près d’une heure au cours de ce Live chat. Il vient d'arriver dans nos locaux, accueilli par Jean Paillard, directeur de la rédaction, et Coline Garré, journaliste spécialiste des questions d'éthique.
Journaliste QDM (SL)
Journaliste QDM (SL)
Bonjour Dr Yves de Locht. Nous sommes ravis de vous accueillir dans les locaux du « Quotidien ». Merci d’avoir accepté notre invitation.
Dr Yves de Locht
Bonjour à vous tous, je suis très heureux d'être parmi vous et de répondre à vos questions. Je suis médecin généraliste à Bruxelles, en pratique privée. Je fais de la médecine générale depuis 40 ans. J'ai beaucoup travaillé dans les prisons belges. Je suis marié, père de deux enfants et grand-père.
Journaliste QDM (SL)
Avant d’aborder les questions des internautes, pourriez-vous, Dr de Locht, nous rappeler dans quel cadre la loi belge autorise l’euthanasie ?
Dr Yves de Locht
La loi belge a été votée en mai 2002. Trois critères fondamentaux : une demande écrite signée et datée du patient. Eventuellement, il peut la renouveler dans le temps. Nous devons être persuadés de la constance de la demande. Personne ne peut faire la demande à sa place. Le deuxième critère : le patient doit être atteint d'une affection grave et incurable. Affection, cela suppose suites d'accident très grave (pas seulement maladie). Cela doit être attesté par des rapports médicaux. Troisième critère : présenter des souffrances psychiques ou physiques inapaisables. Il faut un deuxième médecin qui confirme le diagnostic du premier.
Si le décès n'est pas prévu à brève échéance, il faut un troisième médecin, spécialiste. Souvent un psychiatre qui confirme que la demande est faite par un patient en pleine possession de ses moyens intellectuels.
Si tous ces critères sont remplis, nous pouvons accéder à la demande du patient. C'est lui qui décide du moment où il dit : « Je n'en peux plus, je souhaiterais être euthanasié à ce moment .» Pour les Belges, plus de 60 % les euthanasies se font à domicile. Pour un patient français, cela se fera à l'hôpital belge. Il arrive la veille, l'euthanasie se fait le lendemain. Je rencontre les patients, les familles.
Une euthanasie va très vite, par rapport à une sédation profonde et continue. Il s'endort en moins d'une minute, arrête de respirer, puis survient l'arrêt cardiaque. Il n'y a aucune souffrance ni douleur. Ce sont des barbituriques, et non les produits utilisés dans le cas de la sédation profonde et continue (loi Leonetti-Claeys).
Notre travail de médecin n'est pas terminé. Nous devons envoyer un rapport dans les 4 ou 5 jours suivant l'euthanasie, par recommandé, à la commission de contrôle, commission nationale, qui réunit 15 personnes. Cette commission épluche notre rapport et vérifie le respect des critères. En cas de problème, la commission nous téléphone. En cas de problème le dossier est transmis au parquet.
Si le décès n'est pas prévu à brève échéance, il faut un troisième médecin, spécialiste. Souvent un psychiatre qui confirme que la demande est faite par un patient en pleine possession de ses moyens intellectuels.
Si tous ces critères sont remplis, nous pouvons accéder à la demande du patient. C'est lui qui décide du moment où il dit : « Je n'en peux plus, je souhaiterais être euthanasié à ce moment .» Pour les Belges, plus de 60 % les euthanasies se font à domicile. Pour un patient français, cela se fera à l'hôpital belge. Il arrive la veille, l'euthanasie se fait le lendemain. Je rencontre les patients, les familles.
Une euthanasie va très vite, par rapport à une sédation profonde et continue. Il s'endort en moins d'une minute, arrête de respirer, puis survient l'arrêt cardiaque. Il n'y a aucune souffrance ni douleur. Ce sont des barbituriques, et non les produits utilisés dans le cas de la sédation profonde et continue (loi Leonetti-Claeys).
Notre travail de médecin n'est pas terminé. Nous devons envoyer un rapport dans les 4 ou 5 jours suivant l'euthanasie, par recommandé, à la commission de contrôle, commission nationale, qui réunit 15 personnes. Cette commission épluche notre rapport et vérifie le respect des critères. En cas de problème, la commission nous téléphone. En cas de problème le dossier est transmis au parquet.
georges
Comment vivez-vous cette lourde responsabilité ?
Dr Yves de Locht
C'est une très lourde responsabilité. J'ai mis des années avant d'oser le faire. La première euthanasie concernait un prêtre. On ne s'habitue jamais. Je ne suis pas un robot qui donne la mort. Mais je remplis un contrat moral avec mon patient qui m'a demandé de lui donner la mort. L'émotion est très forte. Mais quand le patient nous quitte, c'est dans la sérénité. Je ne regrette aucune euthanasie. Le patient part en souriant. Cela soulage ma conscience. J'ai l'impression d'avoir fait quelque chose d'utile.
Je ne retourne pas immédiatement au travail. J'en parle avec mon épouse, je me promène en forêt. Je reprends mes activités le lendemain. Nous recevons des remerciements de la part des familles, y compris trois ans après. Ces témoignages me font réfléchir. Un patient m'a dit : « Vous m'avez enfin guéri. » Ces témoignages me rassurent. Pour le moment, je n'ai pas eu de critiques.
Je garde des images très fortes : par exemple, une femme qui s'effondre dans mes bras, après l'euthanasie de son époux qui souffrait d'une maladie de Charcot.
Je ne retourne pas immédiatement au travail. J'en parle avec mon épouse, je me promène en forêt. Je reprends mes activités le lendemain. Nous recevons des remerciements de la part des familles, y compris trois ans après. Ces témoignages me font réfléchir. Un patient m'a dit : « Vous m'avez enfin guéri. » Ces témoignages me rassurent. Pour le moment, je n'ai pas eu de critiques.
Je garde des images très fortes : par exemple, une femme qui s'effondre dans mes bras, après l'euthanasie de son époux qui souffrait d'une maladie de Charcot.
eM
Une nuit de réflexion pour les Français ?
Dr Yves de Locht
Les patients français peuvent choisir de passer la veille dans un hôtel avec leur famille et leurs proches. Mais la réflexion dure depuis des mois. Je vois les patients à mon cabinet 1 an, six mois avant. La réflexion commence quand le patient dit à son conjoint : « Je n'en peux plus. » Cette réflexion se poursuit. Ils viennent jusqu'à Bruxelles. Cela suppose d'avoir déjà réfléchi. Certains viennent de loin, en ambulance. Ces trajets sont éprouvants. Quand ils sortent de mon cabinet, ils sont soulagés de savoir que l'on sera là, si un jour ça ne va plus. Certains reprennent même leur traitement.
On essaie de les voir au moins une fois par an.
On essaie de les voir au moins une fois par an.
Kafis
Qu'est-ce qui bloque, en France, pour que l'on se défile devant l'euthanasie ? Y a-t-il eu des oppositions également en Belgique ? Et y en a-t-il encore ?
Dr Yves de Locht
J'ai l'impression que la France reste conservatrice. Un abat-jour s'est posé sur le pays des Lumières. L'une des explications à cette réticence serait la religion. Cela peut aussi s'expliquer par les lobbies pharmaceutiques puissants, qui influencent les députés. La troisième cause serait les mandarins, qui seraient opposés à l'euthanasie.
En Belgique, il y a eu des oppositions. Il y en a encore. Mais c'est assez calme. Je reçois parfois des lettres d'insultes, surtout de médecins français.
En Belgique, il y a eu des oppositions. Il y en a encore. Mais c'est assez calme. Je reçois parfois des lettres d'insultes, surtout de médecins français.
Michel D
Ce n'est pas une question, c'est une indignation devant ce médecin qui donne la mort !
Dr Yves de Locht
On m'interpelle souvent sur le serment d'Hippocrate. Mon premier rôle de médecin est de soulager la souffrance de mes patients. Le deuxième critère : je ne prolongerai pas les agonies de mes patients, même si cela peut provoquer la mort. Je ne pense pas qu'il faille s'indigner. Avant 2002, j'ai vu beaucoup de patients agoniser avec des familles qui demandaient d'intervenir. Je n'ai jamais eu l'impression de tuer. Je donne le « dernier soin », à un patient qui me le demande. Ce n'est pas un meurtre. C'est une réponse à une demande d'un patient. L'un d'eux m'a dit : « Vous me faites un cadeau. »
On essaie d'aider les patients à bien mourir. Je suis ouvert à la discussion. Je rappelle aussi que personne n'est obligé d'être euthanasié, la loi n'impose rien. Nous respectons la liberté de choix. Un patient peut être entendu en Belgique, s'il veut l'euthanasie, et s'il entre dans les critères. Il m'est arrivé de dire non. Il y a la clause de conscience. Aucun médecin n'est jamais obligé de pratiquer une euthanasie.
On essaie d'aider les patients à bien mourir. Je suis ouvert à la discussion. Je rappelle aussi que personne n'est obligé d'être euthanasié, la loi n'impose rien. Nous respectons la liberté de choix. Un patient peut être entendu en Belgique, s'il veut l'euthanasie, et s'il entre dans les critères. Il m'est arrivé de dire non. Il y a la clause de conscience. Aucun médecin n'est jamais obligé de pratiquer une euthanasie.
Journaliste QDM (SL)
Journaliste QDM (PT)
Bonjour.
Sur quels critères médicaux et familiaux, éthiques, juridiques peut-on prendre cette décision pour de jeunes enfants, mineurs de moins de 15 ans. Merci.
Sur quels critères médicaux et familiaux, éthiques, juridiques peut-on prendre cette décision pour de jeunes enfants, mineurs de moins de 15 ans. Merci.
Dr Yves de Locht
La loi belge a été étendue aux enfants, quel que soit l'âge. Mais elle est plus stricte que la loi pour les adultes. Il n'y a eu que 2 euthanasies d'enfants l'an passé. Personnellement, je n'en ai jamais pratiqué. Je ne m'en sens pas capable.
Les critères sont les mêmes que pour les adultes. Si l'enfant est très jeune, il faut l'accord des deux parents. Il faut l'accord de plusieurs spécialistes (3, 4, 5). Ce sont des enfants qui sont au bout du bout, d'après ce que je sais.
Les critères sont les mêmes que pour les adultes. Si l'enfant est très jeune, il faut l'accord des deux parents. Il faut l'accord de plusieurs spécialistes (3, 4, 5). Ce sont des enfants qui sont au bout du bout, d'après ce que je sais.
Kafis
N'y a-t-il pas la peur que l'euthanasie devienne « banale » ?
Dr Yves de Locht
Non. L'euthanasie pour un médecin n'est jamais banale. C'est l'acte à l'impact émotionnel le plus fort.
La preuve : je connais beaucoup de médecins qui refusent. Ou qui en font une et s'arrêtent là. Car ils ne s'en sentent pas capables. Pour moi, c'est une émotion très forte. Je dois en pratiquer une la semaine prochaine. Hélène, 32 ans. Je pense que je vais pleurer avec la famille. Mais elle nous supplie de faire quelque chose. Elle survit seulement. l'émotion sera très forte.
La preuve : je connais beaucoup de médecins qui refusent. Ou qui en font une et s'arrêtent là. Car ils ne s'en sentent pas capables. Pour moi, c'est une émotion très forte. Je dois en pratiquer une la semaine prochaine. Hélène, 32 ans. Je pense que je vais pleurer avec la famille. Mais elle nous supplie de faire quelque chose. Elle survit seulement. l'émotion sera très forte.
Noname
Les médecins belges sont-ils formés pour pratiquer l'euthanasie ? Tous les médecins peuvent-ils la pratiquer ?
Dr Yves de Locht
Tous les médecins peuvent pratiquer une euthanasie. Et seuls les médecins peuvent pratiquer une euthanasie.
La formation n'est pas obligatoire. Il existe une formation aux soins de vie, suivie même par des médecins français. Cela dure un an. Cette formation ne comprend pas seulement l'euthanasie, mais tous les soins de fin de vie. Psychologiques, aussi. Je n'aurais pas osé pratiquer une euthanasie avant d'avoir suivi cette formation.
Après une euthanasie, il faut pouvoir en parler. J'espère un jour pouvoir partager mes difficultés avec les médecins français.
La formation n'est pas obligatoire. Il existe une formation aux soins de vie, suivie même par des médecins français. Cela dure un an. Cette formation ne comprend pas seulement l'euthanasie, mais tous les soins de fin de vie. Psychologiques, aussi. Je n'aurais pas osé pratiquer une euthanasie avant d'avoir suivi cette formation.
Après une euthanasie, il faut pouvoir en parler. J'espère un jour pouvoir partager mes difficultés avec les médecins français.
François 71
Médecin dont la spécialité me confrontait souvent à la fin de vie. La loi Claeys-Leonetti n'est pas parfaite mais reste mal connue par les patients et leurs familles. Et aussi des médecins en France. Si elle était vraiment connue, elle pourrait répondre à 95 % des cas. Il reste 5 % où il faut répondre. Que pensez-vous du suicide médicalement assisté ? Où placez-vous l'euthanasie dans ce contexte ?
Dr Yves de Locht
La loi Claeys-Leonetti est une avancée, mais il y a des critiques à émettre : elle ne s'adresse qu'à des patients en toute fin de vie, presque à l'article de la mort. Alors que nous avons des patients paralysés qui ne mourront pas tout de suite, et qui échappent à cette loi.
En outre, la loi Claeys-Leonetti permet les sédations profondes et continues : elles durent 9, 10 jours, parfois plus. On ne sait pas s'il y a une souffrance du patient, il n'est plus alimenté, hydraté. Alors que l'euthanasie se fait en moins d'une minute. La prolongation de la douleur me paraît inutile. Il y a une hypocrisie dans la sédation profonde et continue : on va aboutir à la mort du patient. C'est une euthanasie qui ne veut pas dire son nom.
Le suicide assisté se pratique en Suisse. Je ne suis pas contre. En Belgique, nous avons le suicide médicalement assisté, qui est considéré comme une euthanasie : le médecin est là, il va chercher les produits et donne à boire le produit au patient. C'est moins fréquent. Une patiente l'a fait... au motif qu'elle ne voulait pas que le médecin ait à assumer ce geste.
En outre, la loi Claeys-Leonetti permet les sédations profondes et continues : elles durent 9, 10 jours, parfois plus. On ne sait pas s'il y a une souffrance du patient, il n'est plus alimenté, hydraté. Alors que l'euthanasie se fait en moins d'une minute. La prolongation de la douleur me paraît inutile. Il y a une hypocrisie dans la sédation profonde et continue : on va aboutir à la mort du patient. C'est une euthanasie qui ne veut pas dire son nom.
Le suicide assisté se pratique en Suisse. Je ne suis pas contre. En Belgique, nous avons le suicide médicalement assisté, qui est considéré comme une euthanasie : le médecin est là, il va chercher les produits et donne à boire le produit au patient. C'est moins fréquent. Une patiente l'a fait... au motif qu'elle ne voulait pas que le médecin ait à assumer ce geste.
Journaliste QDM (SL)
nat
Est-ce que certains patients refusent au dernier moment et reviennent sur leur décision ?
Dr Yves de Locht
Personnellement, je n'ai pas vu de tel changement de décision. Quelques secondes avant l'injection, je demande au patient s'il n'a pas changé d'avis.
cloclo54
Ne pensez-vous pas que la sédation « profonde et continue » – pour ne pas employer le mot de « terminale » – est une hypocrisie française ? Le médecin va engendrer un processus qui va, sciemment, et volontairement, donner la mort à un patient ? La seule différence entre les deux ne réside-t-elle pas dans le temps qui sépare le début du processus : long et pénible pour le malade et son entourage dans une sédation et rapide et sans souffrance dans le cas d'une euthanasie ?
Dr Yves de Locht
Je suis entièrement d'accord.
Journaliste QDM (PT)
Je profite du filtrage pour m'exprimer. Nous avons (l'anesthésiste, l'urgentiste et moi) – j'en compte 5 de mémoire – conduit les personnes à l'euthanasie. Elle n'était pas prévue, mais il y avait trop de souffrance incurable, et l'intervention vaine, si ce n'était la confirmation diagnostique (autopsie pré-mortem), semblait plus humaine que d'accompagner la mort en sédation sans savoir vraiment ce qu'il se passait. Je n'ai aucun regret de l'avoir fait.
Dr Yves de Locht
Des hommes politiques prétendent qu'il y a plus de 3000 euthanasies clandestines en France (les chiffres sont difficiles à confirmer). Je comprends ce médecin. Aucun médecin ne peut rester insensible à ce genre de situation : nous sommes d'abord des humanistes. Nous plaçons le patient au centre de nos questions : que ferais-je si j'étais lui. Ce n'est pas le médecin tout puissant qui décide tout. Cette façon de voir n'est pas encore très courante en France.
David B
Bonjour. La demande d’euthanasie n’est-elle pas une résultante de l’échec des soins palliatifs ? Je m’explique : la non-prise en compte des symptômes de souffrance et/ou de douleur par le personnel soignant (médecin, infirmier...) n’engendre-t-elle pas un sentiment d´exclusion qui peut amener à cette demande extrême ? Merci de votre retour.
Dr Yves de Locht
Il n'y a pas d'échec des soins palliatifs. Ils ne sont pas la panacée universelle. Nous ne pouvons pas tout guérir. Les soins palliatifs sont très utiles et très développés en Belgique. J'ai besoin d'eux, il n y a aucune opposition. Malheureusement, ils devraient être beaucoup développés en France. Je n'ai jamais ressenti un sentiment d'exclusion des soins palliatifs belges. On ne peut pas empêcher les gens de mourir.
cloclo54
Les soins palliatifs me semblent complémentaires de l'euthanasie. Pourquoi les opposer aux demandes d'euthanasie ? Bien au contraire ! Un malade pourrait très bien accepter d'aller en unité de soins palliatifs jusqu'à ce qu'il demande une euthanasie. Pourquoi, alors, ne serait-il pas entendu dans sa demande d'aide ?
Dr Yves de Locht
Je n'oppose pas du tout les deux. Il y a peut-être aussi des patients qui ne veulent pas aller en soins palliatifs. Nous, les médecins belges, nous respectons ce choix.
Franco français
Un médecin peut-il refuser de pratiquer l'euthanasie ? Y a-t-il l'équivalent d'une clause de conscience ?
Dr Yves de Locht
Si nous refusons, nous devons envoyer le patient chez un autre médecin, qui le fera si les critères sont remplis.
Orante
Avez-vous des demandes de patients français ? Etes-vous parfois sollicité par des médecins français ?
Dr Yves de Locht
Nous avons des demandes quotidiennes de patients français, gravement malades. Je suis parfois sollicités par des médecins français. Soit ils nous envoient des patients, soit ce sont des médecins eux-mêmes malades. Depuis la loi Claeys-Leonetti de 2016, les demandes ne cessent d'augmenter. Je n'ai jamais entendu de patients belges demander de mourir en France, pourquoi ? Je n'accepte plus de nouveaux patients, c'est devenu trop pour moi. Les hôpitaux belges ferment de plus en plus leurs portes aux étrangers. Les Hollandais n'acceptent plus les patients étrangers. N'allons-nous pas devenir le mouroir des Français ?
Journaliste QDM (SL)
Cher confrère, bonjour. Quel regard vos patients habituels portent-ils sur vous, sachant que vous pratiquez l'euthanasie ? Est-ce que certains patients vous quittent en l'apprenant sachant qu'ils désapprouvent cette pratique ?
Dr Yves de Locht
Non, aucun patient ne m'a quitté, sachant que je pratiquais des euthanasies. La plupart me disent que c'est courageux. Et vous, avez-vous peur que vos patients vous quittent s'ils savaient que vous en pratiquiez ?
Journaliste QDM (SL)
babeth
Avez-vous une autre activité médicale ou ne pratiquez-vous que des euthanasies ? Dans quel cadre administratif, dans quel lieu, comment êtes-vous rémunéré, par qui, combien ?
Dr Yves de Locht
J'ai heureusement des activités médicales de MG. Je serais incapable de ne pratiquer que des euthanasies. Je travaille notamment dans les prisons.
Je pratique l'euthanasie en libéral, au domicile ou à l'hôpital.
Quand c'est patient belge, l'acte d'euthanasie est considérée comme une visite à domicile, soit 40 à 50 euros et 100 euros pour les produits. La rémunération de la visite est remboursée, hormis les produits. Pour les Français, le patient vient me voir au cabinet, paie la consultation entre 30 et 50 euros. Au moment de l'euthanasie, il arrive à l'hôpital. Si c'est le jour de l'euthanasie, le coût est de 1500 euros. S'il arrive la veille, la somme est de 2500 euros. Il n'y a bien sûr pas de remboursement par la Sécurité Sociale française. Sur le certificat de décès figure la mention mort naturelle.
Je pratique l'euthanasie en libéral, au domicile ou à l'hôpital.
Quand c'est patient belge, l'acte d'euthanasie est considérée comme une visite à domicile, soit 40 à 50 euros et 100 euros pour les produits. La rémunération de la visite est remboursée, hormis les produits. Pour les Français, le patient vient me voir au cabinet, paie la consultation entre 30 et 50 euros. Au moment de l'euthanasie, il arrive à l'hôpital. Si c'est le jour de l'euthanasie, le coût est de 1500 euros. S'il arrive la veille, la somme est de 2500 euros. Il n'y a bien sûr pas de remboursement par la Sécurité Sociale française. Sur le certificat de décès figure la mention mort naturelle.
Journaliste QDM (SL)
Ce Live chat est sur le point de se terminer. Dernière question.
-- Journaliste QDM (PT)
Bonjour.
Avez-vous une idée du nombre de vos confrères belges qui pratiquent ce dernier soin ? Vous rencontrez-vous pour en parler ?
Avez-vous une idée du nombre de vos confrères belges qui pratiquent ce dernier soin ? Vous rencontrez-vous pour en parler ?
Dr Yves de Locht
Je n'ai pas une idée précise du chiffre. Il y en a sans doute plus dans la région flamande que dans la partie francophone. Nous nous rencontrons pour en parler, c'est très important. J'espère pouvoir en parler avec des médecins français. Il y a 2,5% de mort par euthanasie en Belgique, le chiffre augmente assez peu.
Journaliste QDM (SL)
C’est fini pour aujourd’hui. Merci Dr de Locht d’avoir échangé avec les lecteurs du « Quotidien ». À vous le mot de la fin !
Dr Yves de Locht
J'ai été ravi de venir au « Quotidien du Médecin ». Je vous remercie tous, c'était des discussions très importantes pour moi. J'en garderai un excellent souvenir. J'ai passé beaucoup de temps à dire au revoir à mes patients qui me quittaient, et je sais qu'un jour ce sera à moi de dire au revoir à ceux qui restent. Je vous dis au revoir.
Journaliste QDM (SL)
Merci à toutes et à tous pour votre participation. Rendez-vous le 17 octobre pour un nouveau Live chat.
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