La découverte d'un traumatisme fut souvent liée, aux États-Unis, à la guerre du Vietnam. Ainsi Tom, un avocat engagé dans les Marines, dont Bessel van der Kolk évoque au début de son ouvrage la très complexe symptomatologie. Dans les années qui suivent son retour, il présente de nombreux troubles relationnels, s'isole de sa famille et voit ses nuits perturbées par de terrifiants cauchemars, dont l'étude occupe une grande partie de l'analyse.
Tom révèle qu'un jour où il avait conduit son escouade en patrouille près d'une rizière, ils tombèrent dans une terrible embuscade et il vit les têtes de ses camarades exploser tout près de lui. La nuit, il continuait d'entendre les cris et de voir les corps tomber dans la rivière. Pris de rage, le lendemain de l'embuscade, il fonça vers un village voisin, tua des enfants et viola une Vietnamienne.
Bessel van der Kolk analyse patiemment les modifications de la personnalité chez Tom et d'autres souffrant du même syndrome de stress post-traumatique. Il décèle en particulier un manque d'intérêt vital, bien sûr une fixation dans le passé, en même temps qu'un refus de la guérison, interprétée comme une trahison des camarades morts.
L'auteur remarque l'absence de ces problèmes dans les études de psychiatrie, l'inexistence alors d'ouvrages sur les névroses de guerre, à l'exception de celui d'Abram Kardiner, « les Névroses traumatiques de guerre », publié en 1941. Il fondera plus tard une clinique traitant plus particulièrement de ce syndrome, envisageant, en dehors des traumatisés de guerre, les cas de victimes de viol et d'agressions diverses. Autant d'analyses qui mêlent les psychothérapies, les solutions pharmacologiques et le test de Rorschach.
L'apport des neurosciences
Au début des années 1990, le développement des neurosciences, les techniques d'imagerie cérébrale permettent de visualiser le cerveau et les émotions lorsque le patient est amené à rejouer les scènes d'un passé bouleversant.
Bien sûr, il n'y a pas d'étude des réactions permettant de s'adapter, de survivre, sans une connaissance de tout le système neurologique. Si une partie de l'encéphale est cognitive, l'autre, le système limbique, se forme en réponse à l'expérience et en lien avec la constitution génétique du bébé. Le psychiatre montre par de nombreux exemples que « tout ce qui arrive à un nouveau-né contribue à tracer la carte émotionnelle et perceptive du monde créé par son cerveau en développement ».
Par la suite, surgissent dans notre existence différents traumatismes qui perturbent parfois très gravement notre besoin de sécurité, déclenchant nos modes de survie les plus primitifs, la lutte ou la fuite. Mais l'organisme coincé ou cloué au sol peut aussi se trouver en état de blocage ou d'effondrement.
C'est le choc violent du traumatisme, qui pourra resurgir durant toute notre vie, nous plongeant dans des états de vide stuporeux. Contrôlé par tout le système du nerf vagal, le corps s'affole, c'est le vague à l'âme.
Un livre qui nous replace au cœur des processus psychosomatiques et qu'éclairent de nombreuses notes et (c'est si rare !) un très utile index.
Bessel van der Kolk, « le Corps n'oublie rien », 290 p., 27 €
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série