« Après la pluie », de Sergi Belbel

Au bonheur des acteurs

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Publié le 07/12/2017
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Theatre-Après la pluie

Theatre-Après la pluie
Crédit photo : BRIGITTE ENGUÉRAND/COLL. COMÉDIE-FRANÇAISE

Composée il y a vingt-cinq ans alors que la cigarette était interdite un peu partout, la comédie offre de jolies partitions aux interprètes. Elle a été créée en France en 1998, dans la traduction de Jean-Jacques Préau. Elle avait alors une force particulière, car elle montrait la folie des grandes villes et quelques scènes très étranges, par exemple un hélicoptère s’encastrant dans un gratte-ciel…

Le temps a passé, cette image a perdu de sa violence. La cigarette est toujours interdite. Dans la pièce du Catalan Sergi Belbel, il n’y a pas que l’absence de tabac qui énerve les personnages. Il y a la sécheresse, la canicule. « Après la pluie » se déroule… avant que la pluie ne tombe enfin après deux années terribles.

Les employés d’une multinationale financière se retrouvent sur le toit de l’immeuble de 49 étages pour fumer en cachette. Les personnages n’ont pas de nom, mais simplement leur identité, de la directrice exécutive au coursier en passant par quatre secrétaires, un informaticien, un chef administratif. Trois hommes, cinq femmes, ici interprétés par d’épatantes personnalités de la Comédie-Française. On ne s’ennuie donc pas, mais, étrangement, la sagace Lilo Baur, qui les met en scène, a voulu un décor conceptuel qui pèse et ne sert à rien.

La cigarette crée des liens, fait sauter les carcans hiérarchiques. L’étroite terrasse favorise les rencontres, les conversations, les aveux, exacerbe les ressentiments. Les comédiens sont excellents. En femme d’autorité mais frustrée, Cécile Brune est parfaite. Véronique Vella, sous une longue perruque, est très fine, comme toujours. Rousse un peu mystique, Clotilde de Bayser est très drôle. Brune et longue, Rebecca Marder confirme ses qualités. En blonde bavarde et survoltée, Anne Cervinka est irrésistible. Les garçons sont aussi très bien. Tonique et pressé, Nâzim Boudjenah est un coursier cocasse. Sébastien Pouderoux, l’informaticien touchant qui va vivre une tragédie, est excellent. Comme son camarade Alexandre Pavloff, qui joue toutes les nuances d’un personnage à qui il donne une vraie épaisseur.

Bref, on applaudit l’exercice sans être franchement touché par la comédie elle-même, qui se serait peut-être plus simplement inscrite au Studio, sans aucun décor.

 

Vieux-Colombier, jusqu'au 7 janvier, à 19 heures le mardi, 20 h 30 du mercredi au samedi, 15 heures le dimanche. Durée 1 h 45. Texte publié par Théâtrales (13 €). Tél. 01.44.58.15.15, www.comedie-francaise.fr  

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9625