Au cœur du pouvoir

Publié le 29/05/2012
Article réservé aux abonnés

Jean-Christophe Rufin, ex-médecin et académicien, ex-ambassadeur et grand écrivain, depuis « l’Abyssin » jusqu’à son prix Goncourt, « Rouge Brésil », nous emporte à nouveau dans un roman à la fois picaresque et réfléchi. « Le Grand Cœur » prend la forme des confessions, au soir de sa vie, de Jacques Cœur, grand argentier de France sous Charles VII, et proche de la favorite royale Agnès Sorel, la Dame de beauté.

On voit comment le fils d’un simple pelletier, sans grande instruction, a jeté les bases du commerce avec l’Orient et monté une flotte qui dessert toute la Méditerranée, amassant une prodigieuse fortune. Comment, au service du roi, anobli, il contribue à fournir les moyens dont Charles VII a besoin pour délivrer la France du joug des Anglais, réorganise l’économie du pays et se révèle habile diplomate, tant auprès des Génois que du pape de Rome et du sultan du Levant. Comment, tombé en disgrâce, il connaît la prison, la torture et le dénuement.

Si Jean-Christophe Rufin respecte la trame historique, il a fait du « Grand Cœur » un roman d’aventures du plus bel effet, qui prend sa signification dans les motivations qu’il prête à son héros pour accroître ses richesses, qui sont bien loin du simple appât du gain, et, plus largement, dans son questionnement sur l’ambition et le pouvoir.

Gallimard, 498 p., 22,50 euros.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9132