CONSIDÉRÉ comme l’un des jeunes écrivains les plus en vue (il a 37 ans et il est traduit dans une vingtaine de pays), David Foenkinos – à qui l’on doit, parmi une dizaine de romans, « le Potentiel érotique de ma femme » ou « la Délicatesse » – ne déroge pas à son style tout en légèreté et humour, en dépit de la densité des thèmes qu’il aborde ici.
Le roman s’ouvre en effet par la lente agonie puis la mort du grand-père du narrateur, par le placement, contre son gré et « pour son bien », de sa grand-mère en maison de retraite (d’où elle s’enfuira pour vivre sa vie !), par la dépression et l’hospitalisation de sa mère après qu’elle arrive à la retraite, la séparation de ses parents...
Autant de drames qui semblent à la fois toucher profondément le jeune homme et glisser sur lui. « C’était si étrange d’avoir vécu tant d’années à l’abri des difficultés, d’avoir navigué dans une vie familiale peu excitante mais paisible, et d’être confronté ainsi à plusieurs drames simultanés. J’avais l’impression qu’on payait pour ces années molles, ces années à ne pas se faire de souci. » À moins que, sans le savoir encore, il ne fût trop occupé à intérioriser le délitement familial afin de le restituer un jour sous forme de livre ?
Les mots pour le dire.
Car le narrateur se pique d’écrire. Veilleur de nuit dans un petit hôtel parisien pour laisser apparaître « le génie fatigué » qui sommeille en lui, il rêve « qu’il (lui) arrive quelque chose de grand ». Il n’assiste et participe, on l’a vu, qu’aux tourments habituels de la vie.
La suite de l’histoire est de la même eau : la rencontre amoureuse, le mariage et l’enfant qui vient tandis que lui se perd dans la gérance de l’hôtel et abandonne ses ambitions littéraires. Mais l’écriture, ainsi que le confirme « les Souvenirs », n’a pas dit son dernier mot. Fin de la démonstration.
Le roman ne va pas seulement réconforter les écrivains en devenir. Les simples lecteurs trouvent leur compte dans ces morceaux de vies qui font une saga familiale tout ce qu’il y a de banale mais d’où ressortent des moments d’émotion intense pour évoquer, sans s’appesantir évidemment, la souffrance et la solitude, les gestes retenus et les paroles retenues. David Foenkinos nous offre là, mine de rien, les mots qu’on ne saurait dire.
Gallimard, 266 p., 18,50 euros.
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