Le 75e festival, jusqu'au 25 juillet

Avignon retrouve son public

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Publié le 16/07/2021
Le public est au rendez-vous de la 75 e édition et accueille de bonne humeur les spectacles comme les caprices du ciel.
Tiago Rodrigues, futur directeur

Tiago Rodrigues, futur directeur
Crédit photo : CH. RAYNAUD DE LAGE/FESTIVAL D'AVIGNON

Une salve d’applaudissements dès que retentissent les trompettes de Maurice Jarre, dans la cour d’Honneur, au premier soir du festival, le 5 juillet. Manière de dire aux artistes que chacun est heureux de retrouver ce lieu exceptionnel et la programmation qui s’étend jusqu’au 25 juillet (festival-avignon.com). Le matin même, la ministre de la Culture avait confirmé le nom de celui qui succédera, en septembre 2022, à Olivier Py : le Portugais Tiago Rodrigues. Et c’est lui, metteur en scène bien connu en France, qui signe justement le spectacle d'ouverture, « la Cerisaie » d’Anton Tchekhov (jusqu'au 17 juillet puis en tournée). Spectacle ultramédiatisé car Isabelle Huppert incarne Lioubov, celle qui, après des années d’exil, retrouve la propriété où elle a grandi, ce domaine qu’il va falloir se résoudre à vendre.

Dans la belle traduction de Françoise Morvan et André Markowicz, le spectacle se déploie dans un décor qui reprend les sièges de l’ancienne « salle » (les gradins), histoire de montrer qu’on tourne une page, que le vieux monde va disparaître. Espace assez ingrat dans lequel le metteur en scène demande aux interprètes des déplacements soutenus, avec beaucoup de danse, beaucoup de musique. Une belle distribution : Adama Diop en Lopakhine, le petit moujik devenu riche, Marcel Bozonnet en Firs, vieux serviteur qui regrette la servitude. Alex Descas est le frère de Lioubov, mais ce couple, pourtant essentiel, n’intéresse pas Tiago Rodrigues. Il n’a d’yeux que pour Isabelle Huppert, une femme qui a fui après la noyade de son petit garçon, et qui, retrouvant la cerisaie et sa chambre d’enfant, renoue avec les angoisses et des impatiences de toute petite fille. Malgré les pleurs de Lioubov, l’ensemble, avec ses voix sonorisées, est froid.

L’émotion et le plaisir du théâtre, on le trouve sur le modeste plateau du jardin de la bibliothèque Ceccano, où Olivier Py assure un feuilleton quotidien d’après son ouvrage « Hamlet à l’impératif ! ». On décortique « To be, or not to be » et autres pages célèbres. Comédiens, élèves, amateurs, c’est aussi drôle que vif, aussi enjoué que malin. Et c’est gratuit, tous les jours à midi !

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin