Il y a beaucoup de gravité dans la manière dont Richard Berry, seul en scène au Théâtre Antoine (1), nous fait entendre cinq grandes « Plaidoiries » contemporaines.
C’est un projet original qui s’inspire d’un ouvrage (2) du journaliste Mathieu Aron, chroniqueur judiciaire. Il a reconstitué ces grands moments, importants pour la société française, d’après ses notes d’audience et en se tournant vers les avocats. Dans le livre, une cinquantaine de procès. Sur scène, cinq grands moments qui ont ému, sidéré, bouleversé les prétoires depuis quarante ans et le procès de Bobigny, avec Gisèle Halimi défendant une toute jeune fille qui avait avorté après un viol.
En ouverture, c’est Me Henri Leclerc qui défend Véronique Courjault dans l’affaire terrible des « bébés congelés ». Puis Michel Zaoui au procès Papon, Paul Lombard ne parvenant pas à éviter la peine de mort à Christian Ranucci, Jean-Pierre Mignard face à l’absurdité de la vie lorsque meurent électrocutés les adolescents Zyed Benna et Bouna Traoré, dans un transformateur, à Clichy, déclenchant les émeutes urbaines de 2005.
Des textes qui posent de grandes questions : déni de grossesse, liberté de l’avortement, peine de mort, crime d’état, rapports avec la police. Pour dire vite. C’est très impressionnant d’écouter ces pages. Mis en scène par Eric Théobald, ce très fin interprète qu’est Richard Berry pourrait oser plus, être moins dans la même sobriété et faire comme les avocats : beaucoup de « théâtre », parfois…
Démocratie et despotisme
Au Théâtre de Poche Montparnasse (3), l’adaptation et la mise en scène par Marcel Bluwal du célèbre « Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu », texte de l’avocat parisien Maurice Joly publié en 1864 à Bruxelles sous pseudonyme, est d’une intelligence et d’une force sidérantes. Le pamphlétaire s’attaquait à Napoléon III. Les allusions au temps sont effacées, mais l’esprit n’est en rien trahi.
Dans un décor volontairement très sobre, des costumes simples, de belles lumières, Pierre Santini est Montesquieu, Hervé Briaux, Machiavel. Ils sont remarquables. L’auteur de « L’Esprit des lois » est d’une humanité profonde, l’homme du « Prince » est tranchant, ironique. Mais c’est bien plus qu’un face-à-face scolaire qui opposerait les thèses, idéal démocratique et pouvoir despotique. C’est très tonique et l’on aimerait que le monde politique aille écouter ce formidable dialogue.
(1) À 19 heures du mercredi au samedi. Durée 1 h 15. Tél. 01.42.08.77.71, www.theatre-antoine.com
(2) « Les Grandes Plaidoiries des ténors du barreau - Quand les mots peuvent tout changer », éditions Jacob-Duvernet
(3) À 19 heures du mardi au samedi, dimanche à 15 heures. Durée 1 h 20. Tél. 01.45.44.50.21, www.theatredepoche-montparnasse.com
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