RENDU CÉLÈBRE il y a dix ans avec « Balzac et la petite tailleuse chinoise », et prix Médicis en 2003 avec « le Complexe de Di », Dai Sijie continue de nous étonner avec ses histoires cruelles et déroutantes. Le cadre de « Trois vies chinoises » a beau s’appeler l’île de la Noblesse, c’est une sorte de no man’s land dédié au recyclage des déchets électroniques qui empoisonnent l’environnement et les malheureux contraints d’y vivre. Trois destins de jeunes adolescents nous sont rapportés.
Celui d’un garçon de 12 ans atteint de progeria, comme beaucoup d’enfants de l’île, et que sa tante, une muette qui est sa seule famille, vend à bas prix au responsable de la cantine de la prison locale. Parce qu’il sait taper sur un tambour, le gamin croit qu’on va le former pour se produire dans un cirque. On découvre que le sadisme de son apprentissage répond à un but qui est loin d’être artistique...
L’héroïne du deuxième conte est une lycéenne dont le père veut faire une championne de patinage artistique. Elle s’exerce sans relâche sur la glace du réservoir d’eau dont il a la garde, jusqu’au jour où sa mère, qui souffrait d’un empoisonnement au plomb et n’avait plus toute sa tête, disparaît. Il faudra peu à la jeune fille pour croire en la responsabilité de son père.
La scène qui débute le troisième récit – une forgeronne qui martèle avec autant de force que d’amour les maillons d’une lourde chaîne en fer sous les yeux effrayés de son jeune fils, pour attacher son aîné dont le cerveau n’a pas résisté aux taux de plomb, mercure, argent, cobalt et autres des déchets accumulés par notre civilisation moderne – est simplement insupportable. Devenu étudiant, le gamin aura beau se vouer à la poésie et au dessin, il n’oubliera jamais les scènes de son enfance.
Flammarion, 141 p., 16 euros.
Confession
Hans Fallada (« Seul dans Berlin », « Quoi de neuf, petit homme ? ») fut l’une des figures de la littérature réaliste allemande du XXe siècle (1893-1947 ). « Le Buveur » (1), livre-confession écrit pendant le séjour de l’auteur en prison, dépeint la descente d’un homme dans l’enfer de l’alcoolisme, dont fut victime Fallada lui-même. Le narrateur de la « confession » s’appelle ici Erwin Sommer, il était le propriétaire d’un florissant magasin de produits agricoles, marié depuis quinze ans, quand une série d’échecs professionnels et de tensions grandissantes dans son couple l’ont entraîné à boire.
À la fois peinture extrêmement réaliste des bas-fonds de la société et des recoins les plus sombres de l’âme humaine, ce récit d’une dépendance dont l’auteur lui-même ne réussit jamais à se débarrasser, est aussi une extraordinaire peinture des mœurs sociales, judiciaires et pénitentiaires de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres.
Denoël, 387 p., 22,50 euros.
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