« LE CINÉMA européen ne traite pas beaucoup de l’aggravation continue de la crise économique, politique et surtout morale causée par la question non résolue des réfugiés », estime Aki Kaurismäki. Le cinéaste finlandais « n’a pas de réponse à ce problème », sinon ce film, c’est déjà beaucoup. Pas de démonstrations lourdingues, pas de leçon de morale, ce n’est pas le genre de la maison. Mais un ton décalé et un humour pince-sans-rire qui font merveille.
C’est au Havre, « ville du blues, de la soul et du rock’n roll » que Kaurismäki, après avoir parcouru les côtes européennes de Gênes jusqu’en Hollande, a choisi de poser ses caméras. Le héros se nomme Marcel Marx (l’excellent André Wilms) ; c’est un ex-écrivain devenu cireur de chaussures qui mène une vie désargentée et tranquille avec son épouse étrangère (Kati Outinen), son chien et ses copains de bistro. Jusqu’au jour où son chemin croise celui d’un garçon africain qui souhaite atteindre l’Angleterre (Blondin Miguel).
Un portable que l’on voit quelques secondes, une séquence télévisée sur la jungle de Calais et quelques allusions politiques contemporaines sont les seuls indices de modernité. Sinon, tout respire les années 1950-1960 : décor urbain, mobilier, imper et chapeau du policier de service (Jean-Pierre Darroussin), téléphone de bakélite, tourne-disques, etc.
Le choc des époques fait partie du plaisir de ce film décrit par son réalisateur comme « à tous égards irréaliste ». À travers ses épisodes qui, sans cela et sans l’humour distancié des dialogues, auraient pu être convenues, il exalte discrètement la fraternité des pauvres et la solidarité sans frontières sociales.
Avec ce ton inimitable, Kaurimäski fait rire et émeut. Et le spectateur se sent du côté des gentils. Que pourrait-il demander de plus ? « Le Havre » sort le 21 décembre, comme un cadeau ou un conte de Noël.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série