TOUTES nos envies, ce sont celles que les sociétés de crédit et les banques offrent de satisfaire, à un coût souvent prohibitif et sans que les personnes qui se laissent tenter aient conscience du danger. Après les migrants (« Welcome »), Philippe Lioret se penche sur les victimes du surendettement* en s’inspirant de deux ressorts du livre d’Emmanuel Carrère « D’autres vies que la mienne » : le combat de deux juges, une femme et un homme, contre un système qui aggrave la précarité, et le face-à-face de la première avec une maladie qui la condamne.
Cinéaste engagé, Philippe Lioret ? Qu’il le veuille ou non, le choix de ses sujets (pour « Toutes nos envies », il est non seulement metteur en scène et coscénariste mais aussi producteur) le démontre. Mais il tient avant tout à raconter une histoire, des histoires.
C’est l’histoire de Claire, jeune juge pleine d’enthousiasme, à la vie de famille bien remplie, entre son mari et ses deux jeunes enfants, qui apprend qu’elle a une tumeur au cerveau non opérable. L’histoire de Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qui retrouve goût à la lutte. Et l’histoire de Céline qui, pour une petite dette, risque de se retrouver à la rue avec ses enfants. Un récit d’où le suspense n’est pas absent. Les deux juges vont-ils trouver le ressort juridique qui permettra de sauver les surendettés ? Auront-ils le temps ?
« Ce film pose la question de ce qu’on fait de nos vies, dit le réalisateur. Essayer d’éviter de penser à tout ce qu’on aurait pu faire et qu’on n’a pas fait et tenter de le faire quand même. » L’émotion est là. Elle ne pouvait qu’y être, avec la menace mortelle qui pèse sur Claire et celle, vitale, qui poursuit Céline, avec l’espoir qui renaît chez Stéphane. Mais c’est tout le travail du réalisateur et de ses acteurs que de la moduler, de lui donner toutes sortes de nuances et de couleurs. Marie Gillain et Vincent Lindon sont parfaits et Amandine Dewasmes lumineuse.
Le film aurait sans doute gagné à un montage un tout petit peu plus serré mais tel quel, avec son thème si actuel et ses personnages si présents, il ne peut que toucher.
* Le surendettement est aussi le sujet du nouveau film de Cédric Kahn avec Guillaume Canet, « Une vie meilleure », qui sortira le 4 janvier.
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