On ne se lasse jamais de revoir un spectacle signé Joël Pommerat. Que ce soit « le Petit Chaperon rouge » ou « Contes et légendes », sa dernière création, on a le sentiment de toujours découvrir des images, des détails, des paroles que l’on n’avait pas clairement vus ou entendues. C’est la troisième fois que l’on retrouve cette version envoûtante, mystérieuse, impressionnante, du conte. Après 2011, 2017, voici « Cendrillon » avec une nouvelle jeune comédienne dans le rôle-titre, la piquante Léa Millet, qui succède à la douce Deborah Rouach.
On retrouve ce qui fait une partie de l’enchantement étrange : un décor fait comme une boîte, avec des images projetées sur les parois au fond et sur les côtés. Ciel et nuages, et, plus tard, un jardin luxuriant au-delà des hautes parois de verre de la maison. Des vidéos de Renaud Rubiano. Au début, tandis que s’élève la voix de la narratrice, avec son accent italien bizarre, Marcella Carrara, un homme, Damien Ricau, danse au milieu, comme s’il doublait les paroles d’un discours du corps. C’est immédiatement fascinant. Cela donne une distance, un mystère, quelque chose qui enveloppe d’irréalité et de grâce la représentation.
Aucun mot ne saurait donner une juste idée de la manière si originale dont les scènes se succèdent, les personnages se présentent. Avec son équipe artistique de haut talent, Éric Soyer pour la scénographie et les lumières, François Leymarie pour le son, entre autres, Joël Pommerat subjugue. Il nous conduit sur des chemins très personnels. On ne racontera pas ici les métamorphoses de l’histoire de référence. Mais le conte est noir, cruel. Et si l’on se détend en découvrant la fée déjantée que joue avec gourmandise Noémie Carcaud, qui est aussi l’une des méchantes sœurs, de nombreux moments sont durs. Comme le traitement subi par Sandra, que l’on appelle ici Cendrier. Une des décisions de l’auteur/metteur en scène est de faire de l’orpheline de mère une masochiste, qui pense qu’elle ne sera jamais assez punie, qu’elle doit payer. En même temps, c’est une répondeuse, elle résiste ! Léa Millet est ultrasensible et les scènes avec le Prince, qu’incarne Caroline Donnelly, l’autre sœur, sont très touchantes. Le père, un peu dépassé, est le très bon Alfredo Canavate (remplacé parfois par Jean Ruimi), tandis que la belle-mère est toujours aussi époustouflante. L’énergie de Catherine Mestoussis fait merveille. Et jusqu’à ses illusions et ses déceptions nous bouleversent. Citons encore Julien Desmet, qui veille à l’entrée du bal techno avec Damien Ricau !
Une production magique et magistrale, portée par des interprètes venus de Belgique que l’on est heureux de retrouver, engagés, talentueux, comme au premier jour. (Pour tous à partir de 10 ans. Théâtre de la Porte Saint-Martin, jusqu'au 19 juillet, du mardi au vendredi à 20 heures, samedi à 20 h 30, dimanche à 16 heures. Durée 1 h 40. Tél. 01.42.08.00.32, portestmartin.com. Longue tournée pendant la saison 2022-2023.)
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