CINEMA / « Soul Kitchen », de Fatih Akin

Chez soi

Publié le 16/03/2010
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Crédit photo : DR

APRÈS « Head On » et « De l’autre côté », drames de l’identité et de l’immigration, Fatih Akin avait envie de « récupérer », de se rappeler « que la vie n’est pas faite que de douleur et d’introspection ». De faire un « Heimat film », un film sur le sentiment d’être chez soi, « qui n’a rien à voir avec la nationalité, le fait d’être allemand ou turc ».

Chez soi, pour le réalisateur issu d’une famille d’origine turque, c’est sa ville natale, Hambourg. Celle aussi de son ami d’enfance, Adam Bousdoukos, qui tient le rôle principal, inspiré en partie de son expérience de restaurateur, en parallèle de sa carrière d’acteur (dont « l’Engrenage » et « Head On »). Hambourg, dont le vieux quartier industriel disparaît peu à peu pour laisser la place à des lieux branchés.

C’est dans un bâtiment ancien pas encore à la mode que le héros, Zinos, tient un restaurant. Qui ne marche pas bien. Mais ce n’est pas son seul problème : sa copine, qui tient à sa carrière, part s’installer à Shanghai. Et voilà que réapparaît son frère, qui sort de prison. Un cuisinier talentueux mais déjanté, un promoteur immobilier prêt à tout, une inspectrice des impôts sans pitié vont encore aggraver les choses.

Mais c’est une comédie. On va donc la plupart du temps sourire ou rire des mésaventures du pauvre Zinos, qui, en outre, va hériter d’une très douloureuse hernie discale. La plus grande partie du film se passe dans le restaurant, le bien nommé Soul Kitchen, avec des scènes, voire des saynètes, menées à un bon rythme, celui de sa bande sonore, qui offre de la soul (Kool & the Gang, Quincy Jones, Sam Cooke...) mais aussi du hip-hop, de l’électro, du rock, du rebetiko et même « la Paloma ».

Les admirateurs des deux films cités plus haut resteront peut-être sur leur faim. La sympathie qu’inspirent les personnages est grande mais touche moins que l’émotion suscitée par « De l’autre côté ». N’empêche, avec « Soul Kitchen », on a nous aussi l’impression de faire partie de la bande, de la famille (Moritz Bleibtreu, Birol Ünel...). Nous sommes un peu chez nous dans le cinéma de Fatih Akin.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8730