Avec son carré (« The Square »), le Suédois Ruben Östlund avait remporté la palme à Cannes en 2017, à la surprise de beaucoup. Il récidive cette année avec un triangle (« Triangle of Sadness », qui sortira en France sous le titre « Sans filtre »), une croisière d'ultrariches qui amuse et révulse aussi par moments. Le jury de Vincent Lindon s'est fait plaisir avec des prix ex aequo, soit au total 10 films récompensés sur les 21 en compétition.
Sortant opportunément dans la foulée du festival, « Compétition officielle » ne se prend pas au sérieux mais vise juste en nous entraînant dans les coulisses de la production cinématographique. Une réalisatrice d'avant-garde, une star hollywoodienne, un comédien de théâtre radical : trois ego démesurés réunis sous la houlette d'un homme d'affaires milliardaire qui n'y connaît rien mais veut laisser une empreinte dans l'Histoire. Les Argentins Mariano Cohn et Gastón Duprat, qui ont déjà réalisé dix films ensemble, ont voulu montrer le processus de création artistique et se penchent sur les répétitions en amont du tournage, la préparation des acteurs, la façon de construire les émotions souhaitées. C'est à peine caricatural et ils se régalent et nous régalent à tirer les ficelles de ce trio infernal, chacun ayant sa conception du but à atteindre. Tandis que les trois acteurs (Penélope Cruz, Antonio Banderas, Oscar Martinez) savourent de même très visiblement le plaisir de moquer les prétentions et les tics des vedettes de l'art dramatique, de se moquer aussi sans doute un peu d'eux-mêmes.
D'autres comédies sont à l'affiche en ce mois de juin : « C'est magnifique », de et avec Clovis Cornillac, sorti mercredi ; « Champagne », de Nicolas Vanier, et « Petite Fleur », de Santiago Mitre, annoncés le 8 juin, en concurrence avec « Jurassic World : le monde d'après ». Les exploitants espèrent que les dinosaures feront revenir le public en salle…
Dans un tout autre registre, signalons, un documentaire de Xavier Gayan, « Roland Gori, une époque sans esprit », portrait du psychanalyste qui se bat contre les méfaits de la logique de rentabilité dans la santé et dans la société tout entière, notamment via « l'Appel des appels » lancé en 2002 avec Stefan Chedri.
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